Cahier numéro 5 - page 40-41

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Je voudrais tout d’abord dire que le leadership, théorisé ou non, découle
d’une attitude, d’une vraie passion en transmettant ses convictions. On
a parlé d’envie, d’engagement, d’enthousiasme, et je vais y revenir parce
que c’est vraiment unmoteur extraordinaire. Et l’on a aussi parlé de rêve
et d’imaginaire et même si l’on est dans lemilieu du sport, de la compéti-
tion, de la confrontation, le rêve est important. C’est une véritable source
de motivation pour l’homme et pour le joueur en particulier.
Qu’est-ce qu’un bon joueur ?
Pour le définir jeme suis dit que l’on peut mettre une somme de qualités
à un bon joueur, il faut d’abord connaître son environnement et recon-
naître que l’on est dans un milieu particulier. Le rugby est un sport de
compétition, mais aussi un sport de combat. En effet, la définition du
rugby est celle de « sport de combat collectif». Donc un bon joueur, c’est
d’abord un combattant, mais c’est aussi un joueur « performant ».
Qu’est-ce que la performance ? Qu’est-ce que la performance sportive ?
Honnêtement, je n’ai pas de définition propre, mais j’en ai emprunté
une qui dit que la performance, c’est le produit de la compétence par la
motivation. Un bon joueur, un joueur performant, c’est un joueur qui a
la compétence physique, la compétence technique, donc des habiletés
physiques et techniques, mais qui en plus, a un haut degré de motiva-
tion. Tous les joueurs professionnels aujourd’hui sont des joueurs qui
sont capables d’assurer un standard de jeu et de prestations. Mais cela
ne fait que le bon joueur. Or les excellents joueurs, ceux qui demain vont
faire évoluer l’équipe, qui vont être capables d’amener les autres, ont
quelque chose en plus. On appelle cela « l’intelligence tactique ». Un
joueur, comme un homme, c’est l’addition de trois pôles : un pôle affectif
qui joue sur la motivation, sur l’engagement personnel, un deuxième
pôle, moteur, c’est le physique, c’est la technique et, enfin, un pôle
cognitif, car même dans le rugby on s’en sert. Les meilleurs joueurs
ont donc cette intelligence tactique que l’on appelle aussi intelligence
situationnelle, c’est-à-dire la capacité à voir une action ou une situation,
à trouver la solution dans l’urgence et dans le moment présent. C’est la
qualité suprême des plus grands joueurs. Comme je ne veux pasme fâcher
avec la moitié de mes collègues, je ne vais pas prendre d’exemples dans
le rugby et je vais juste vous parler de Lionel Messi. Lionel Messi est un
joueur exceptionnel, mais pourquoi est-il exceptionnel ? Parce qu’il met
au service du jeu une technicité fabuleuse. Il est capable de tout faire
avec le ballon et en même temps il dégage un plaisir de jouer qui est
aussi formidable. Il fait 1,65m, 65 kg ; on dirait un gosse qui s’amuse sur
le terrain. Il anticipe toutes les actions, il voit le jeu avant les autres et
ce qui va se passer.
Donc, un joueur exceptionnel, c’est un joueur qui a non seulement une
technique irréprochable, de l’envie, prend du plaisir dans sa pratique,
mais qui également anticipe, perçoit, décode. Ce sont des joueurs qui
sont capables de prendre des initiatives, de faire des choix. C’est parmi
ce type de personnalités que l’on trouve les grands leaders selon moi.
Tout à l’heure, vous disiez la réalité de la vie c’est une successiond’échecs
et de réussites. Eh bien le sport, c’est la vie. Toute notre éducation, toute
notre pédagogie, sont basées sur la valorisation de cette expérience,
de ce cumul d’expériences et c’est là-dessus qu’il faut absolument que
l’on fasse travailler nos jeunes. Alors évidemment, il faut se tromper
vite, malheureusement on ne se trompe pas toujours au début… C’est
souvent plutôt en fin d’action qu’on se trompe, c’est-à-dire quand on
perd la lucidité, quand vous avez fait vingt mètres, trente mètres, vous
avez dépassé trois joueurs, une percussion, une feinte de passe, vous
arrivez sur le dernier défenseur, vous n’avez plus qu’à faire la passe au
partenaire démarqué, eh bien vous êtes tellement dans le brouillard
que vous ne faites pas le bon geste au bon moment, celui que vous
avez répété cent fois à l’entraînement sans vous tromper mais que la
pression de l’instant transforme en mauvais choix. C’est là qu’un grand
manager, un grand entraîneur fera la différence par son analyse et son
retour au joueur. Les plus grands pédagogues sont capables de se servir
de cet échec pour faire progresser les joueurs. Aujourd’hui on entraîne
plus sur des comportements que sur des résultats. Cela fait partie de
l’expérience et je dirais que le management positif est la clé du succès.
Créer une équipe
Je voudrais revenir sur ces deux points. En fait, on fait des Fab Labs sans
le savoir, on est comme Monsieur Jourdain, on fait des expériences, on
est là, on crée, on part d’un projet commun et on évolue. La première
chose quand vous avez des joueurs, c’est de créer une équipe, pas
seulement un groupe. Vous connaissez la définition d’une équipe par
rapport à un groupe : une équipe, c’est un groupe de personnes qui a un
projet commun, des objectifs communs. Mais cela ne suffit pas, il faut
avoir aussi une complémentarité des tâches, une répartition des tâches
et, dernier point, il faut avoir un chef. Une équipe se définit aussi par ces
trois points : le projet commun, la complémentarité et la répartition des
tâches, et un chef. Ce dernier est interne, il est externe, il est capitaine,
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