ENTRETIENS AK - Cahier n° 13 avec couv - page 20

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Lorsque nous pensons innovation, nous pensons progrès technolo-
giques et filières industrielles. Or, l’idéemême de l’innovation n’est autre
qu’un concept qui permet, grâce à la popularisation d’un service, d’apporter
de nouveaux possibles au plus grand nombre. Le processus d'innovation
prôné aujourd'hui ne peut s'envisager, dans le secteur de la santé et
de l'autonomie, sans un changement voire une réelle transformation
du comportement de la société française. En effet, si nous souhaitons
répondre aux enjeux du vieillissement, il nous faut avant tout identifier
et comprendre les nouveaux besoins qui sont en train d'apparaître afin
de créer et de proposer de nouvelles solutions.
Bien que l'être humain ait la faculté du libre-arbitre et gère lui-même son
propre bien-être au quotidien, bien que nous sachions tous que nous
risquons, à un instant « t » de notre vie, d'être confrontés aux aléas
liés au vieillissement, nous continuons à « ré-agir » au moment où un
problème apparaît.
Cette prise de conscience tardive ainsi que les conséquences engendrées
par une situation non anticipée (hospitalisation, perte d'autonomie,
isolement, logement inadapté...) ne cesseront d'« être » tant que nous
n'intégrerons pas nos réflexions professionnelles respectives dans un
processus commun de recherche de solutions.
Il est là essentiel de comprendre que les technologies, à l’exemple de
la domotique, mises à la disposition du grand public, sont des outils
extraordinaires qui ne prennent leur sens et pourraient enfin permettre
le "plus" qu'ils promettent, qu'après avoir été inscrits et intégrés dans
un processus global, autrement dit un dispositif mis en place entre un
problème exposé, la recherche de solutions, la solution.
Forts des avancées de la recherche dans le domaine scientifique et
médical, forts de nouveaux savoirs, forts de nouveaux moyens, nous
nous devons d'anticiper les situations liées au vieillissement et pour
cela, initier une nouvelle culture collective afin d'éviter ce qui pourrait
être évitable.
Si nous savons que l'avancée en âge s'accompagne d'un état de fra-
gilité et de la survenue d'aléas dont nous connaissons aujourd'hui les
conséquences, nous savons également que la proposition d'un outil
technologique comme la domotique ne suffit pas à résoudre la brutalité
de la réalité liée au vieillissement.
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Les vieillesses ordinaires sont surtout le temps des activités « choisies » :
continuer à apprendre, à être stimulé, être au cœur de relations inter et
intragénérationnelles, s’occuper de soi. Au cœur de ce nouvel âge, le
numérique peut contribuer à rendre l’individu plus actif pour s’exprimer,
choisir, s’informer, se coordonner avec d’autres, découvrir et partager
ses centres d’intérêt. Il offre la possibilité de faire des rencontres, de
décider par soi-même de ses stratégies d’actions, de déplacements ou
de loisirs. Ce potentiel de « capacitation » offre une réponse directe à la
nécessité de favoriser chez les personnes âgées une autonomie et une
capacité à agir physiologiques mais aussi sociales.
Amandine Brugière
Directrice de programme à la FING,
l’association pour la Fondation Internet
Nouvelle Génération
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