Introduction
Patrick Devedjian
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Qu’est-ce que le temps ? Le temps est objectivable nous dit Étienne
Klein et c’est ce qui le distingue de la notion de temporalité qui elle varie
selon nos représentations. Dans l’univers des politiques publiques, les
enjeux à court, moyen et long termes s’entremêlent. Il y a le calendrier
des élections, pas uniquement départementales d’ailleurs, qui influent
sur la conduite des politiques publiques et sont des rendez-vous démo-
cratiques importants. Il y a également le temps vu de l’administration
et celui des citoyens. Nous devons, nous politiques, nous assurer que le
temps long n’est pas réduit à peau de chagrin et ne pas plier sous le joug
du court-termisme. Les grands travaux qui marquent notre territoire
sont souvent le résultat d’un travail de longue haleine et de résistance
dans le temps.
Tout cela a toujours existé et fait partie de notre pratique démocra-
tique. Ce qui est plus nouveau est lié à ce que nous a amené la dernière
vague de mondialisation, celle des technologies de l’information et de
la communication. L’immédiateté et l’accélération semblent devenir la
norme. Notre rapport au temps évolue, certaines personnes s’emparent
et jouent de la vitesse, d’autres au contraire la rejettent, résistent en
prônant la lenteur. Certes comme nous le rappelle Henri Bergson, «
le
temps, la durée est jaillissement d’imprévisible nouveauté
» et cela a
du bon. L’équilibre se situe probablement quelque part entre les deux :
savoir prendre de la vitesse quand il le faut et traiter l’urgence tout en
donnant du poids à la réflexion et à l’anticipation.
La mondialisation nous touche globalement au niveau planétaire sur
les grands sujets d’ordre économique et politique. Mais à notre échelle,
celle du Département, elle nous impacte également directement. Notre
rapport au temps change, tout comme notre rapport au territoire, à ce
qu’il y a de plus local et de global. Le phénomène de métropolisation
illustre parfaitement ce phénomène de mondialisation. Aussi en tant
que Département, devons-nous plus que jamais garder le sens de la
proximité avec nos administrés. Le temps et l’espace sont étroitement
mêlés à l’action publique.
Il est donc pertinent, comme le font ces quinzièmes Entretiens Albert-
Kahn, de se poser les questions suivantes : L’humain a-t-il perdu ses
repères temporels avec la mondialisation ? Existe-t-il encore un espace
dans la décision pour le temps long et pour construire pour les généra-
tions à venir ? Quelles sont les différentes représentations du temps ?
Que nous disent-elles de notre rapport à la décision ?