représentation de données issues des réseaux intelligents d’énergie, le
Smart Grid, permettra bientôt à chacun degérer localement sa production
d’énergies renouvelables, et de la partager en
peer to peer
grâce aux
« compteurs intelligents ». Plus de 37 millions de ces compteurs sont
déjà installés aux États-Unis, mesurant en temps réel la consommation
d’électricité dans le pays.
Le numérique transforme donc notre environnement dans toutes ses
dimensions : les infrastructures, les services, l’économie, la culture,
le social, l’éducation, et plus globalement les modes de vie. La ville
d’Issy-les-Moulineaux, où le Cube exerce ses activités depuis quatorze
ans, arrive régulièrement dans le peloton de tête de classements inter-
nationaux sur les
smart cities
, aux côtés de Séoul ou Barcelone. C’est
notamment la dimension
living lab
, c’est-à-dire la ville
servicielle
tour-
née vers les usages, qui est pointée. Le centre de création numérique
Le Cube s’inscrit donc depuis 2001 dans cette dynamique d’élaboration
de la ville numérique, en maillant dès son ouverture les sphères de
la création numérique, de l’innovation sociale et de l’entreprenariat
innovant. Ce lieu pionnier, qui compte parmi les plus réputés d’Europe,
soutient activement les créateurs qui prennent des risques, en dehors
de sentiers battus. Il a ainsi accueilli et valorisé les travaux de plus de
3 000 créateurs de la scène internationale. Le Cube propose également
des activités de pratique créative du numérique pour tous, un soutien
en production pour les artistes, ou encore un
think tank
interdisciplinaire
sur la société numérique qui réunit nombre d’experts et personnalités
du monde numérique. Dès son ouverture, le Cube a eu à cœur de former
les jeunes publics aux technologies créatives, notamment autour d’un
« Lab d’éducation numérique » qui mobilise chaque année 150 élèves
des écoles primaires de Grand Paris Seine Ouest. Le premier constat tiré
de cette activité est qu’elle fait monter le niveau des élèves dans toutes
les disciplines, et pas seulement dans leur compétence numérique. La
raison est qu’avec les moyens numériques ils appliquent des processus
collaboratifs et apprennent à travailler autrement : ils développent la
créativité, la participation, la solidarité, l’écoute, etc. Ils passent du
logiciel
égo-compétitif
au
logiciel alter-coopératif
, pour reprendre la formule
de Patrick Viveret. Le deuxième constat est que ce
Lab
agit comme un
incubateur de projets innovants. Le dernier projet en date,
Lunni
, pro-
pose la première
radio générative
qui crée et raconte automatiquement
des histoires générées à partir de personnages, objets et situations tirés
d’une base de données. Développé en partenariat avec le Strate College
of Design, le projet
Lunni
a reçu cinq prix prestigieux en quelques mois,
dont le Grand Prix du Jury au Salon de l’Éducation. Il a également été
classé dans les «
7 innovations géniales à ne pas rater
» du magazine
Sciences et Avenir
. Ce sont donc 150 jeunes élèves entourés de
designers, développeurs, auteurs, etc. qui ont participé à la conception
de ce projet qui a suscité la création d’une
start-up
.
Le Cube a également participé à la conception numérique du
Qwartz
, le
premier centre commercial connecté qui a ouvert ses portes en 2014 à
Villeneuve-la-Garenne. Un parcours pérenne d’expériences numériques
a été spécialement conçu pour les visiteurs, par des artistes qui pour
certains sont exposés dans des musées comme le MOMA. Le
Qwartz
préfigure le commerce du futur où l’on ne viendra plus pour acheter un
produit, on le fera en ligne, mais pour vivre et partager une expérience
autour du produit. On s’y rendra pour échanger avec des communautés
d’intérêt, pour co-créer et infofabriquer des produits customisés, avec
des imprimantes 3D. Cet exemple illustre bien la manière dont la créati-
vité est au cœur de la nouvelle économie. On passe de la consommation
passive à la production collaborative, et c’est toute une dynamique
d’
empowerment
qui se développe. On passe de la production de masse
à la production par les masses. Ce qui compte c’est l’apprentissage, la
transmission, la coopération. L’enjeu central, c’est donc celui de la libé-
ration du potentiel créatif. Einstein a dit : «
Tout le monde est un génie,
mais si vous jugez un poisson sur ces capacités à grimper à un arbre, il
passera sa vie à croire qu’il est stupide
». Par sa capacité à s’adapter au
profil et au rythmede chacun, lenumériquepeut permettrededévelopper
sa propre créativité et de l’exprimer au sein du collectif. C’est pourquoi,
sur les pas de Méliès et de ses
Voyages à travers l’impossible
, Le Cube
élabore une
Fabrique de l’impossible
. En effet, grâce aux moyens
numériques on peut passer facilement de l’idée au prototypage. Dans le
monde du logiciel, la seule limite c’est celle de notre imaginaire. Ce sont
donc les conditions d’émergence d’une créativité sans limite qu’il faut
pouvoir offrir, un environnement inspirant et propice au dépassement
de soi.
Cette créativité partagée est une impérieuse nécessité pour entrer
dans le monde qui vient. Le développement exponentiel des techno-
logies et leur convergence pourraient créer une
singularité
, moment
où l’homme fusionnera avec la machine. Cet humain
post-digital
sera
doté de nombreuses augmentations, sur le plan cognitif, biologique
et empathique. Avant la fin du siècle, il pourrait devenir omniscient,
ubiquitaire et immortel. Omniscient, il aura accès à l’ensemble du savoir
planétaire ; ubiquitaire, il pourra agir à distance en tout lieu ; immortel,
il vivra très longtemps. Des entreprises affichent pour objectif « la
mort de la mort », grâce aux progrès fulgurant des biotechnologies et
des nanotechnologies. Cette perspective étourdissante est poussée
par une demande sociale toujours plus forte. En effet, qui n’a pas de
smartphone
dans sa poche ? Qui dira non à l’électricité gratuite permise
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