mondiale et a enclenché par ses ravages planétaires l’arrivée de la
seconde guerre mondiale.
Après cette purge sanglante et Yalta, la métamorphose industrielle
mène sa troisième révolution avec l’explosion de la consommation,
des médias de masse et de la démocratie en s’appuyant sur l’organisa-
tion mondiale de l’industrie et du commerce et le développement des
structures de communication et d’information permises par le déve-
loppement rapide et simultané de l’électronique et de l’informatique.
Les sciences, l’éducation et la culture se massifient, l’information et
la communication deviennent ubiquitaires et simultanées : Telstar
et « marcher sur la lune ». L’esprit soixante-huitard et les hippies
californiens et la montée des pays en voie de développement ébranlent
le système, et préparent les ingrédients de la métamorphose suivante.
La quatrième métamorphose numérique
résulte de la progression conti-
nue des infrastructures et algorithmes de communication et traitement
de l’information et à la convergence des industries et services de
l’information, de la communication et des contenus autour des données
numériques (ou «
digital
» en anglais), support commun de calcul, de
communication ou de création de contenus. Il en résulte la naissance
de l’Internet et du web, l’apparition des
smartphones
, machines uni-
verselles de communication et d’information, la création des réseaux
sociaux, lamontée du
big data
, mais aussi le développement des robots.
Il s’ensuit une déstructuration des systèmes convergés de communi-
cation, de création de contenus, de services et d’objets, mais aussi un
poids grandissant du pouvoir des individus au travers de leur puissance
organisée, celle des multitudes
10
.
La métamorphose opère dans toutes les dimensions de la société
, éco-
nomique, sociale et cognitive, et pour chacune de ses dimensions dans
tous ses secteurs de réalisation :
La métamorphose économique
semanifeste tout d’abord par la création
d’un nouveau secteur économique du quaternaire, celui de la communi-
cation, des contenus (logiciels et médias) et de la connaissance. C’est le
secteur qui a le plus fort taux de croissance. Secteur du virtuel, même s’il
s’appuie sur des structures industrielles et de services, il correspond à la
production de produits non rivaux dans leurs usages et à une structure
de coût dominant au niveau de la conception et de la commercialisation.
Ce secteur économique produit aux côtés des acteurs des secteurs
initiaux convergés, de nouveaux acteurs par leur
business model
, les
plateformes numérique type Google.
Mais unemétamorphosemodifie aussi, vague par vague, tous les autres
secteurs d’activité, les secteurs tertiaires et secondaires issus de la
métamorphose industrielle et le secteur primaire. Le secteur tertiaire du
commerce est d’ores et déjà bouleversé par lamise en réseaux de l’offre
et de la demande que permet le numérique, donnant naissance aux
plateformes numériques métiers de seconde génération : Uber, RB&B,
blablacar, Booking, Kayak, etc. La part « service » du tertiaire, finance,
banques, assurances, mais aussi santé, éducation, administration voit
elle aussi ses structures profondément ébranlées par l’intermédiation
des grandes plateformes numériques et la montée des
big data
et
réseaux sociaux qui font bouger les fondements de ces métiers.
Le secteur secondaire de l’industrie opère lui aussi un saut qualitatif
avec la numérisation des automatismes, la robotisation, le big data et
les formes de déstructuration des modèles en couches : production,
ingénierie, conception et marketing avec des possibilités nouvelles de
flexibilité et d’interaction directe entre client et production et conception
et ingénierie. C’est le challenge de l’industrie du futur autour duquel la
France se mobilise.
Le secteur primaire de l’agriculture et des ressources naturelles est en
train lui aussi de faire sa mutation numérique, en apportant les capacités
de surveillance de l’environnement, d’automatisation des machines et
du travail agricole, et l’aide à la gestion des ressources naturelles.
De plus une métamorphose à la fois transforme chaque secteur, mais
aussi offre de nouvelles modalités potentielles de création de richesse
du fait des interactions : création de produits- services, industrialisation
de l’agriculture, financiarisation des structures, mais aussi création de
« communs », de monnaies virtuelles, etc.
La métamorphose sociétale
s’opère sous nos yeux dans les miroirs
imparfaits des médias, dans le fonctionnement de l’entreprise, dans les
espaces publics, dans les villes et villages, dans la famille et les rapports
générationnels. À partir d’un cadre stable et cohérent d’organisation
sociale, structuré par le travail, l’habitat et les niveaux de consommation
et d’éducation, à la fois rigide d’héritage et souple d’ascenseur social, et
d’espaces culturels prescrits, s’écrivent de nouvelles modalités sociales
impulsées par le numérique : médias trans-individuels comme les
34
35
(10) Voir à ce sujet l’ouvrage d’Henri Verdier et Nicolas Colin,
L’âge de la multitude,
entreprendre et gouverner après la révolution numérique
, Armand Colin, 2
e
édition,
2015.