Munich : la capitale de l’intégration verticale
et de l’excellence
Au cours du XX
e
siècle, Munich connaît un important développement
industriel, devenant lepremier pôleéconomiquede laRépubliqueFédérale
Allemande puis de l’Allemagne réunifiée. Munich est l’un des principaux
pôles économiques de l’Union européenne après Paris et Londres.
Munich est la deuxième ville au monde après New York qui compte le
plus d’entreprises dans le secteur de l’édition. Selon Eurostat, la zone
urbaine élargie de la région métropolitaine de Munich est la plus impor-
tante d’Allemagne en termes de PIB avec 117,6milliards d’euros, devant
Hambourg, Berlin et Francfort. Avec un PIB par habitant de 53 073
euros, Munich est également l’une des villes les plus riches de l’Union
européenne. La ville se distingue par l’implantation de nombreux sièges
sociaux, ainsi que par son excellence dans la recherche scientifique
et les biotechnologies. Elle accueille notamment le siège de grandes
sociétés dont Siemens, Allianz, BMW, Münchener Rückversicherung,
Linde, Airbus Deutschland et HypoVereinsbank. L’économiemunichoise
est également portée par le secteur des médias, de l’automobile et
de l’aérospatiale. Munich est considérée comme la 9
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place financière
d’Europe et la 2
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d’Allemagne derrière Francfort grâce à l’implantation
de nombreuses compagnies d’assurance.
Munich est la ville allemande avec le taux de chômage le plus bas et le
revenumoyen leplus élevé. BMWoccupe toujours unepartie significative
du centre de la ville avec ses usines et l’extraordinaire centre d’attraction
et de vente «BMWWorld » un gigantesque temple de la taille d’un grand
musée comme le centre Georges-Pompidou, ouvert 7 jours sur 7 à la
gloire de la marque automobile.
Ce qui frappe à Munich, en Allemagne et en Autriche en général, c’est
l’extraordinaire tissu de petites et moyennes entreprises familiales à
très forte valeur ajoutée avec une envergure et un professionnalisme
international remarquable. La digitalisation est omniprésente mais au
service de l’intégration verticale de la chaîne de valeur : de la conception
à la fabrication. La passion allemande ancestrale pour l’objet manu-
facturé de haute technicité est omniprésente, dans la culture, dans la
manière dont l’éducation est envisagée à travers l’apprentissage, ainsi
que dans la première position mondiale que l’Allemagne a acquise dans
l’automobile et la robotique industrielle.
On retrouve cette technicité dans tous les secteurs : vêtement, domo-
tique, chimie, énergie. La culture est marquée par le professionnalisme
et une grande importance est donnée à la coopération interdisciplinaire.
La compétence prime sur la hiérarchie, les relations sont franches,
directes et assertives dans un souci constant d’amélioration continuelle
des produits. L’objectif est d’occuper lapremièreplacedans unemultitude
de niches industrielles verticales où la technicité et les brevets assurent
de fortes barrières à l’entrée. La diversité des entreprises de taille
moyenne et petite, la multiplicité des niches occupées avec excellence,
l’intégration verticale, la coopération, la culture du professionnalisme et
du travail assurent une très forte résilience du tissu industriel allemand
dans la concurrence mondiale.
Munich s’affirme dans le monde comme la capitale de l’excellence
industrielle. Siège social du premier cabinet de conseil européen Roland
Berger, du Bureau européen des brevets mais aussi de l’extraordinaire
Institut Fraunhaufer, unique au monde dans sa capacité à faire le pont
entre la recherche fondamentale et l’industrie.
Du fait d’unebonnemaîtrisedenombreusesfilières verticales, l’Allemagne
a la capacité d’inventer, créer, fabriquer et distribuer des produits indus-
triels nouveaux, excellents et diversifiés. C’est le seul pays occidental
à avoir gardé une compétence industrielle crédible face à la montée en
puissance de l’Asie.
Lemodèle allemand est très intéressant à comparer aumodèle japonais
et aumodèle chinois. Lamontée en compétence industrielle de l’Asie est
un enjeu industriel et marketing majeur pour l’Allemagne. Par exemple,
une part importante de la croissance de BMW vient de l’engouement
asiatique pour les voitures de luxe allemandes, mais pour combien de
temps ? L’Allemagne envisage la robotisation comme une opportunité
susceptible de remettre en question la concurrence asiatique sur le coût
du travail en permettant à nouveau une fabrication concurrentielle en
Europe. La domination allemande dans la robotisation industrielle et
le modèle allemand assurent à l’Europe une possibilité stratégique de
ré-industrialisation fondée sur l’intégration verticale desmétiers à forte
valeur ajoutée autour du luxe et de l’art de vivre.
L’Amérique a en effet abandonné dans beaucoup de domaines sa capacité
aval à l’Asie, et l’Asie n’a pas encore complètement conquis la capacité de
conception amont à forte valeur ajoutée typique des produits d’avant-
garde associés à des styles de vie qualitatifs. L’Europe, dès lors,
pourrait tirer sa compétitivité d’une compétence très particulière dans
l’intégration verticale. Une intégration démontrée par de nombreux
succès typiquement européens. Le succès de l’entreprise française
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