Le domaine public fluvial comme assise
de l’aménagement des berges
L’aménagement des berges sous la maîtrise d’ouvrage du Départe-
ment des Hauts-de-Seine concerne en grande partie le domaine public
fluvial naturel. Ce domaine public est délimité par la limite du plan d’eau
lorsqu’il déborde. Ainsi, selon la forme de la berge, la surface terrestre de
ce domaine situé entre le bord de l’eau lorsque la rivière est à sa retenue
normale et la zone couverte par les eaux, juste avant le débordement,
peut avoir une taille très différente. De quelques décimètres à parfois
plus de vingt mètres de large, cette bande longeant le fleuve constitue
une zone aux contraintes et attraits bien spécifiques.
Un schéma adopté par l’assemblée départementale
En février 2006, le Département a adopté le Schéma d’aménagement et
de gestion durables de la Seine et de ses berges. Issu d’une large concer-
tation à laquelle l’ensemble des parties prenantes de la vie au bord de
l’eau ou sur l’eau ont participé, ce schéma prévoit de « rendre la Seine
aux habitants » et un des axes d’action est la création de la promenade
bleue. Ainsi, depuis son adoption, le Département s’est porté maître
d’ouvrage de plusieurs aménagements de berges dont l’objet était la
création de promenades publiques, accessibles à tous, tout en permet-
tant de développer la biodiversité des milieux « renaturés ».
Parmi les exemples d’aménagements réalisés, onpeut citer la promenade
sur les berges de l’île de la Jatte où un étroit passage en béton a été
remplacé par une large allée en platelage de bois avec des postes de
pêche accessibles à tous (même aux personnes en fauteuil roulant). Cet
aménagement rencontre un grand succès depuis sa livraison.
Second exemple d’aménagement, plus récent, la transformation des
berges à Courbevoie. Le Département a proposé une indemnisation à
Ports de Paris pour permettre une conversion de la surface principale
en espace vert. Une passerelle-escalier permet dorénavant d’accéder
au jardin depuis le front urbain bâti sur dalle. Un contournement de la
base nautique, construit sur pilotis, permet de rétablir la continuité de
promenade sans nuire aux activités du club d’aviron.
Le projet Vallée rive gauche
Le projet Vallée rive gauche illustre bien un aménagement permettant
de concilier les différents usages de la berge. Il s’étend sur 4,2kilomètres
delongsurlesbergesenrivegauchedescommunesd’Issy-les-Moulineaux,
Meudon et Sèvres.
Depuis une vingtaine d’années, le lieu, en déprise industrielle, était
devenu très confidentiel et totalement occupé par des habitations
fluviales. Les berges étaient encombrées dematériaux et objets person-
nels. Les talus en friche étaient traversés de cheminements de fortune
faits dematériaux de récupération et formant des accès aux habitations
fluviales sur lesquels les promeneurs n’osaient pas s’engager. Les
amarrages des bateaux, souvent fixés aux arbres ou en crête de talus,
formaient des obstacles dangereux pour les promeneurs. Les réseaux
d’électricité et de téléphone, enchevêtrés dans les arbres, étaient
dangereux et inesthétiques.
Parfois les accès aux bateaux étaient construits sur des trottoirs en
réduisant de moitié la largeur circulable. Poubelles et boîtes aux lettres
étaient installées sur le domaine public routier sans autorisation. Les
ouvrages de protection contre les crues, propriété du Département,
étaient souvent modifiés de telle sorte qu’il devenait impossible d’en
fermer les portes étanches. En effet, certains habitants fluviaux avaient
soudé des portails ajourés ou des supports de boîtes à lettres dans les
huisseries.
Le Département a mené une politique très volontaire d’acquisitions
foncières de façon à pouvoir dévoyer la route départementale pour
permettre de créer des espaces publics suffisamment spacieux en bord
de Seine. Ainsi, les dispositifs de protection contre les crues ont été
déplacés .au plus près de la nouvelle route pour la protéger. Des espaces
abaissés entre cesmurs de protection et le bord de l’eau ont été aménagés
en lieux de promenade protégés des nuisances de la circulation routière.
Ce principe d’aménagement permet, grâce à des grands volumes de
déblais et la création de nouveaux murs de soutènement de la route,
d’offrir des espaces de promenade protégés du bruit mais qui sont éga-
lement de nouveaux volumes d’expansion du fleuve en cas de crue. Le
pied des berges a été conforté avec des méthodes mixtes. Dans le petit
bras de Seine, où ne passent pas les bateaux de transport commercial, les
effets du batillage (vagues d’étrave des bateaux) sont beaucoup moins
érosifs. Il a donc été possible d’installer des zones de hauts fonds sur
tout ce linéaire. Des biotopes variés, parfois faits de gravières, parfois
40
41