avec son corps, tout proche, de manière quasi tactile, et sans jamais
se perdre dans les grandes échelles, trop éloignées des sens, de la
respiration, de la préhension et de la manipulation. Les objets urbains
sont une occasion pour le design de développer une approche de
proximité avec les usagers.
Les usages
Appropriations urbaines
L’urbainestunterraind’expérimentation.Ledesignproposedesdispositifs
ou des objets qui arbitrent et définissent les modes d’habiter l’urbain et
l’espace public. Tout autant, lesmultiples usagers de ce terrain valident,
finalisent, modifient l’urbanité déployée devant eux, en se l’appropriant,
en la délaissant, en la requalifiant.
Les usages forment le mouvement permanent sur lequel se fondent
les réflexions et les projections urbaines. C’est pour cela que le design
propose une démarche centrée sur l’usage. Il aborde les gestes et les
mouvements du quotidien comme structurant l’urbain : la conversation,
la pause, les échanges, les pratiques de jeu et les pratiques alternatives,
les pratiques numériques et la connexion aux réseaux, et d’autres
encore.
Un projet d’usages est un projet interface, un projet relationnel. Il
devient un des instants possibles de la métamorphose urbaine, en
questionnant les scénarios de vie, en stimulant lesmodes d’appropriation
de l’espace urbain.
Métamorphose de l’urbain par le design
Des formes pour s’approprier l’urbain
Le design est une pratique de la métamorphose et des transformations
qui a pour tradition de ne pas laisser seules la science, la technique et
l’industrie, lorsqu’elles mènent les évolutions et les changements.
La spécificité du design est de programmer les usages à petite échelle.
Il permet de rendre la ville proche, préhensible et appropriable grâce à
une conception de l’environnement adéquate pour le corps physique,
physiologique et psychique. Le design a une approche quasi tactile
de l’urbain. Concevoir un lieu ou requalifier un paysage existant (une
place, une friche urbaine vidée de sa fonction première et historique,
les berges d’une rivière, etc.) par quelques objets ou dispositifs, permet
de réactiver un environnement délaissé ou dysfonctionnel ; et ainsi,
interfacer des usages multiples et hybrides en un lieu. En rendant très
concrètes les surfaces de la ville, les objets urbains définissent et
caractérisent la proximité que les citadins ont avec leur ville.
Déambulation
Tout projet urbain naît d’une déambulation, d’une observation des lieux
et des traces de vie, de regards portés sur des moments de vie, d’une
écoute des récits de vie.
Les gens se déplacent-ils à pied, en skateboard ou roller, en trottinette,
à vélo, en voiture ? Où, comment, et à quelle heure se rassemblent-ils,
sortent-ils du travail, se donnent-ils rendez-vous, se dispersent-ils ?
Les objets sont-ils anciens ou nouveaux, pérennes ou temporaires ?
S’agit-il d’objets génériques et identiques ? S’agit-il au contraire d’objets
uniques et sculpturaux ? Sont-ils mêlés aux flux importants d’une rue
commerçante, ou agrémentent-ils un lieu paisible d’habitations ?
Sont-ils rongés par le temps, usés par les nombreuses sollicitations,
vandalisés ou détournés ?
L’ambiance d’une rue, d’un quartier, d’une ville, est-elle peu avenante,
froide et sécurisée, ou mal entretenue et laissée à l’abandon, ou, au
contraire, conviviale et agréable ?
Convivialité
La simplicité, l’accessibilité et la couleur : lorsque ces trois qualités
caractérisent un objet urbain, il y a de grandes chances pour que les
gens se l’approprient.
De la simplicité d’un objet émerge son accessibilité, sa compréhension
instantanée, son utilisation sans détour. Cela ne signifie pas que l’objet
n’a pas de complexité interne, mais plutôt qu’il est compris pour l’essentiel,
et que son sens se développe une fois que l’on s’en sert et qu’on l’utilise.
L’objet simple, au premier abord, finit par s’ouvrir à d’autres possibilités
d’usages, d’ergonomies, de configurations, d’interprétations, sans
injonction particulière, sans mode d’emploi.
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