Cahier numéro 2 - page 22-23

des seniors qui vont, du fait de l’allongement de la durée de vie et de
la baisse probable du montant des retraites, être amenés à travailler
plus longtemps. Les monnaies complémentaires, comme dans le cas
du WIR suisse, peuvent faciliter le développement des échanges entre
entreprises, là où le système bancaire classique est inopérant.
Une autre idée, celle d’un nouveau référentiel de compétences a émergé.
Par exemple, on pourrait imaginer une monnaie complémentaire qui
promeut des compétences de savoir-être et de savoir-faire qui ont du
mal à se faire reconnaître auprès de certaines populations. Enfin, les
monnaies complémentaires peuvent servir des valeurs comme le respect
de soi et des autres, la dignité et l’épanouissement, l’émancipation et
la collaboration qui sont porteuses d’avenir ainsi que des objectifs de
bien-être. Et pourquoi pas une monnaie du « vivre-ensemble » dans
les Hauts-de-Seine ?
On l’aura compris, les monnaies complémentaires ne remplacent pas,
elles complètent
autrement
un dispositif pour mettre l’accent sur des
services, des usages, des pratiques que l’on souhaite développer et qui
ne sont pas valorisés par les comptabilités et instruments d’évaluation
classiques.
Carine Dartiguepeyrou
Secrétaire générale
des Entretiens Albert-Kahn
L’intervention de Bernard Lietaer sur les monnaies complémentaires
nous montre à quel point la monnaie est le fruit de nos représenta-
tions mentales. La monnaie est avant tout une histoire de confiance
qui remonte au temps des cathédrales. Pour qu’il y ait monnaie, il faut
qu’il y ait « un accord dans une communauté donnée (…) sur un moyen
d’échange ».
Nous retenons que depuis les années 1970, ce sont en fait 425 crises
monétaires, crashs bancaires et crises de dettes souveraines qui se
sont succédé. Pour Bernard Lietaer, la crise financière serait le résultat
d’une inadaptation structurelle du système bancaire. Il convient non pas
de supprimer ce dernier au risque d’en éliminer ses mérites, mais de le
diversifier avec des monnaies complémentaires pour mieux gérer les
équilibres financiers.
Pour qu’un système soit à l’équilibre, il faut mêler efficacité et diversité.
Trop d’efficacité tue la diversité et trop de diversité tue l’efficacité.
C’est vrai pour le système monétaire comme pour tout autre système
qui cherche à rester vivant et dynamique. Faire vivre l’économie et le
social, donner une autre valeur aux choses, voilà l’intérêt des monnaies
complémentaires.
Lesmonnaies complémentaires vont des cartes «miles » auWIR suisse,
une des monnaies complémentaires les plus anciennes (1934) et éta-
blies. Il est intéressant de noter que les monnaies complémentaires se
développent partout dans lemonde et qu’il en existe plus de 5000. Elles
sont d’autant plus efficaces et utiles qu’elles répondent à un objectif
clair et à un besoin précis.
Les monnaies complémentaires permettent de mettre l’accent sur des
objectifs comme l’accès aux soins médicaux, l’aménagement ou la réha-
bilitation de quartiers, l’échange entre petites et moyennes entreprises,
la formation ou la solidarité intergénérationnelle. Elles peuvent même,
au lendemain d’un choc économique ou environnemental, permettre
une sortie de crise plus rapide.
Dans l’atelier que nous avons eu l’après-midi de la conférence, plusieurs
rôles ont été évoqués. Les monnaies pourraient aider à financer les
travaux pour réhabiliter des maisons en appartements pour les plus
jeunes qui ont du mal à se loger. Une autre idée serait de favoriser
l’usage de monnaies complémentaires pour la valorisation du travail
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