Pourquoi la période jusqu’à 2020 ?
Le vieillissement de la population : le concept de retraite à partir de
65 ans date de Bismarck, au XIX
e
siècle, et l’espérance de vie en
Allemagne était à l’époque de 48 ans. Le système de retraite a été conçu
dans ce contexte démographique, et ne pourra pas survivre à la vague
de vieillissement que nous sommes en train de vivre.
La fin de l’ère industrielle : c’est la fin de l’emploi industriel et on n’a pas
encore compris ce que cela implique. On attribue parfois ce processus à
l’ouverture économique de la Chine. Je prétends quemême sans la Chine,
cela aurait pris 5 ou 10 ans de plus, mais la tendance de fond resterait la
même, indépendamment de ce que fait la Chine.
Quand je parlais il y treize ans aux États-Unis du changement de climat et
de l’instabilité monétaire, on disait que je m’occupais de problèmes qui
n’existeraient pas. À l’époque où l’on niait la chose, on disait également
que les problèmes d’instabilité financière et monétaire étaient ceux des
pays en voie de développement et que cela ne pourrait pas affecter les
États-Unis et l’Europe. Le ton a maintenant changé à ce propos.
Ce qui compte le plus, c’est finalement comment on va pouvoir gérer une
crise financière systémique, et nous équiper avec les outils monétaires
appropriés à notre temps. Car la monnaie programme notre manière et
notre capacité de voir le futur. En effet, il y a une pression systématique
à penser à court terme pour quiconque utilise de façon rationnelle une
monnaie avec un taux d’intérêt positif, comme toutes les monnaies dites
nationales ou comme l’euro. Notre société a besoin de penser à long
terme, alors que notremonnaie nous programme à penser à court terme !
En France, par exemple, sous le régime de Georges Pompidou et de
Valéry Giscard d’Estaing, la loi de janvier 1973 a changé les règles du jeu
dans le domaine monétaire et a eu des conséquences dont on n’entend
pas parler lorsqu’on analyse la crise financière en France ou en Europe.
C’est un sujet dont on ne parle pratiquement jamais. En 1979, la dette
représentait 21 % du Produit national brut, en 2012, elle en représente
91 %. Si la loi de janvier 1973 n’avait pas existé, la dette ne serait que
de 8,6 % du PNB. La différence représente uniquement ce que l’État
français a payé en intérêts supplémentaires au système financier,
comparativement à ce qui était le cas avant cette loi.
1
De plus, une étude récente par la Banque des règlements internationaux
(BRI) sur l’impact du vieillissement de la population et l’endettement des
États
2
montre que, dans le cas français, d’ici 2020 on passerait à 150 %
du PNB et d’ici 2050 à 300 % d’endettement ! Il est évident que l’on ne
va pas arriver à 2020 sans problèmes !
Et cela n’a encore rien à voir avec notamment les investissements que
l’on va devoir faire à cause du changement climatique. On est en train de
marcher comme des zombies à la mine, un peu obnubilés vers un futur
qui en fait n’est pas possible alors qu’il y a des outils qui sont disponibles
pour celui qui veut bien regarder. Et c’est de ces outils dont je vais vous
parler.
Voilà le plan de mon intervention.
Première chose, les crises systémiques que nous avons vécues et
que nous allons revivre ont une cause structurelle et jusqu’à présent
on traite le problème comme si c’était un problème de gestion ou un
problème de cycle. Je peux vous garantir avec 100 % de certitude que
8
9
(2) BIS : Stephen G. Cecchetti, Madhusudan S. Mohanty and Fabrizio Zampolli,
“The Future of Public Debt: Prospects and Implications”, mars 2010.
(1) André-Jacques Holbecq and Philippe Derudder,
La dette publique, une affaire
rentable
, p. 68.
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2012
2020
2050
150%
91%
300%
Le cas français
Loi de janvier 1973
+ vieillissement
Endettement (en % du PNB)
78%
Avec la loide janvier1973 Si la loide janvier1973n’avaitpasexisté