Cahier numéro 1 - page 68

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Il est difficile d’imaginer un monde sans musique. Elle est présente
partout, elle appartient à tous. Elle a commencé à exister là où est
apparu l’homme, là où se sont ébauchées les premières civilisations.
Troismille ans avant notre ère, en Inde, en Chine, enMésopotamie ou en
Égypte, qui étaient déjà des sociétés aux usages avancés, la musique
faisait partie du rythme de la vie, des rites sacrés, des funérailles
et des célébrations religieuses ou profanes. Plus tardivement, elle
s’est développée en Europe, sous la Grèce et la Rome antiques, où les
philosophes, les poètes et les musiciens ont élaboré des théories qui
l’ont impliquée dans l’organisation dumonde et la structure de l’univers.
Depuis, cet art a régulièrement épousé les mutations sociétales et
s’est inventé ses lieux de représentation : temples, théâtres antiques,
monastères, synagogues, mosquées, cathédrales, châteaux, jusqu’aux
grandes salles de concert et aux opéras de plus en plus vastes, portés
par des architectures audacieuses.
Ce constat, sinon de l’universalité de la musique, du moins de
l’importance de sa fonction sociale et de son rôle dans l’épanouissement
de l’être humain, semble d’ailleurs toujours corroboré par des données
statistiques récentes qui traduisent la confiance qui lui est accordée.
Ainsi, contrairement à un certain nombre d’idées reçues, les Français
continuent de plébisciter la musique et à se déclarer en premier lieu
sensibles à elle (80 % des sondés), bien avant de citer dans l’ordre la
littérature (56 %), le cinéma (48 %), la peinture (11%), puis le théâtre
et la danse
(1)
. De plus, à une écrasante majorité, les mêmes citoyens
posent comme priorité l’apprentissage de la musique à l’école.
Pourtant – et c’est là l’un des paradoxes d’une activité qui paraissait
née pour rassembler les individus –, il y a loin de la théorie d’un art
transcendant les rapports de force à la réalitémarquée par un accès aux
connaissances très inégalitaire. Dans les faits, seuls 10% des Français
pratiquent ou ont pratiqué un instrument et un tiers est allé dans une
salle de concert, principalement issu des classes aisées et cultivées,
parmi lequel la moitié fréquente des concerts de variété et 20 % des
concerts classiques
(2)
.
(1) Sondage SOFRES pour la Sacem, 2006.
(2) Sondage d’Opinion Way pour la Sacem, 2010.
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