Cahier numéro 12 - page 20

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Numérique
mots clés
: #Web #Mobiquité #OpenSource #DIY #Makers
« Le tiers-lieu développe une approche intelligente
de la gouvernance grâce notamment à un rapport transformationnel
avec les usagers-clients et aux licences libres. »
Les technologies numériques induisent une transformation culturelle
profonde et donnent aujourd’hui au tiers-lieu des caractéristiques parti-
culières. Qu’il s’agisse de gouvernance, demécanisme d’organisation, de
gestion des informations ou de l’adaptation de solutions en service, la
dimension collective du tiers-lieu est facilitée voire permise par la tech-
nologie. De la même manière, elle permet au tiers-lieu local d’intégrer
une dynamique globale.
L’apparition de situation de travail collaboratif se fait sous un aspect
physique dans le tiers-lieu et se prolonge au travers d’outils numériques
interactifs. Chaque individu peut être relié aux mêmes familles d’outils
démultipliant ainsi les possibilités de connexions. Ils échangent sur
leurs pratiques, communiquent sur leurs actions et collaborent sur les
projets. Ils peuvent s’informer, poser une question, y répondre, produire
et diffuser de la documentation. Cet ensemble de savoirs constitue le
patrimoine informationnel commun du tiers-lieu. À partir de ce patri-
moine, chaque individu peut prendre ses propres décisions de manière
conséquente et construire ses propres projets sur des bases solides.
Ce système s’inspire largement des plateformes Internet appelées « les
forges » qui encadrent la collaboration de nombreuses personnes tra-
vaillant sur lemême code. Il s’applique ici non seulement sur des savoirs
techniques, mais également sur des compétences, des manières de
faire, des formats et sur des bonnes pratiques. Les expériences sont do-
cumentées sous la forme de « recettes », fonctionnelles et adaptables
en fonction du contexte. Chaque individu, mais aussi chaque tiers-lieu,
peut partager ce qu’il fait et permettre aux autres de se le ré-approprier.
Au patrimoine informationnel local s’ajoute ainsi un patrimoine informa-
tionnel commun entre toutes les initiatives, indépendamment de leurs
territoires d’application. Plutôt que de « réinventer la roue » chacun
dans son coin, un socle commun de savoirs est généré et consolidé.
Une pratique remarquable est de ce fait accessible et reproductible
localement. Grâce au support numérique, une dynamique virale autour
d’objets sociaux peut se mettre en place.
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effective qui s’encadre mal dans les terminologies instituées. Seule
l’expérience peut donner du sens. Le tiers-lieu, par son positionnement
local permet de vivre certaines de ces abstractions afin de mieux se les
approprier.
« Les outils et la médiation numérique facilitent
l’apparition de situation de travail collective sur la constitution
un patrimoine informationnel commun. »
Comme pour toute dynamique, différents niveaux de langage coha-
bitent. Le vocabulaire des tiers-lieux permet à des individus venant
d’univers différents de travailler sur des problématiques communes.
Un espace d’ajustement entre différents niveaux de compréhension
se crée. Dans cet interstice, les individus développent une sémantique
propre qui répond à leurs problèmes immédiats. Un langage neutre qui
n’a pas forcément vocation à dépasser le cadre des spécialistes d’un
secteur. De nombreuses digressions terminologiques ou des angli-
cismes peuvent apparaître à ce niveau. Cependant ce langage vise à
délimiter certains champs afin de développer des pratiques. Lorsque
les différentes expériences et leurs fondements sont décrits, les
individus présentent une approche méthodique et pratique. Ce qui se
passe dans un tiers-lieu est décrit, analysé. Des patterns, des modèles,
des protocoles, etc. peuvent en ressortir. Ce langage s’adresse à des
praticiens ou des individus préalablement intéressés. Il vise à pré-
senter les pratiques de manière à ce qu’elles soient lisibles et aussi
reproductibles.
« Le tiers-lieu génère un langage commun et réappropriable
entre des mondes différents et parfois contradictoire. »
Pour ouvrir le tiers-lieu au plus grand nombre, l’enjeu n’est pas unique-
ment de développer la compréhension de ce qu’est un tiers-lieu. Il s’agit
également de présenter ce à quoi sert un tiers-lieu. De ce fait des tech-
niques marketing ou journalistiques sont utilisées, des médias vidéo et
audio, etc. Le langage de la communication rend simple et accessible des
objets complexes. Il présente le tiers-lieu comme un service. Comme un
objet dont la forme est aboutie et simple d’utilisation. C’est une solution
qui répond à des problèmes identifiables. Cependant, des dissensions
peuvent apparaître avec la nature originelle de l’action. Ainsi, le langage
de la communication ne peut être dissocié d’une approche expérien-
tielle. C’est par l’usage d’un tiers-lieu que se développe la compréhen-
sion des tiers-lieux.
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