Cahier numéro 12 - page 9

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rôle consiste à renforcer le réseau interne du lieu tout en construisant
une atmosphère de franche camaraderie, par exemple en organisant un
goûter hebdomadaire pour les membres de l’espace de
coworking
. Dans
d’autres, l’animation embrasse le même rôle de mise en relation des
membres et de renforcement du réseau de l’espace, mais avec une com-
munication plus formelle, moins tournée vers les loisirs et le lien social.
Ce rôle de développement de réseaux internes prend dans certains cas
une envergure d’autant plus importante que la «marque » de
coworking
dispose de plusieurs espaces (La Cordée, Mutinerie, Startway, etc.). À ce
rôle d’entretien de réseaux internes commence aujourd’hui à émerger
celui du développement de réseaux externes de tiers-lieux, notamment
via des fédérations territoriales comme en Seine-et-Marne, dans l’Orne
ou dans le Cantal, ou encore via des initiatives privées comme Copass,
qui fédère des espaces de
coworking
dans le monde entier.
• Espaces de travail flexible
Autre brique indispensable du tiers-lieu : la présence d’un ou plusieurs
espaces de travail conformes aux normes ERP
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. L’observation des tiers-
lieux existants amène à faire le constat d’une extraordinaire diversité
d’espaces de travail, qui multiplie les possibilités à l’infini. Sans même
aller chercher aussi loin que l’atelier de fabrication équipé d’une décou-
peuse laser ou la paillasse du biohackerspace permettant d’effectuer
des manipulations génétiques rudimentaires, on peut recenser des open
spaces, des bureaux fermés – individuels ou partagés –, des salles de
réunion, des boxes de confidentialité, des espaces de
brainstorming
,
des espaces où l’on travaille debout, en marchant sur un tapis de
course, assis sur un ballon de gymnastique… le design, les matériaux,
l’arrangement spatial des différents espaces, l’atmosphère donnée au
lieu sont autant de facteurs de personnalisation de l’espace de travail
qui peuvent être adaptés en fonction des publics que l’on souhaite y
accueillir.
• Espaces de création et d’expérimentation
Dans les tiers-lieux les plus dynamiques et innovants, on trouvera
généralement une ou plusieurs briques dédiées à l’expérimentation,
un « laboratoire » miniature explorant les possibilités d’usages d’une
ressource donnée. Souvent désignés sous le nom de « hackerspace »
(littéralement, « espace de détournement »), ces lieux détournent la
ressource – matière, idée, technologie – de ses usages conventionnels
pour lui inventer des usages novateurs. Originellement issue du milieu
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dans leurs établissements des espaces baptisés Easywork proposant
des services conçus spécifiquement pour les travailleurs nomades. Ce
service est aujourd’hui disponible à Paris, Lille, Nantes et Massy.
Smart work center
Lieux professionnels, plutôt urbains, de location de bureau accompagnée
de services destinés aux entreprises et aux travailleurs, les
smart work
centers
ont vu le jour à Amsterdam. Ils représentent une nouvelle géné-
ration de centres d’affaires proposant des services plus flexibles que
dans le cadre du modèle classique. En France, le premier
smart work
center a ouvert ses portes à Saint-Herblain en périphérie de Nantes
en 2013. Le groupe Multiburo a également décidé d’évoluer vers ce
genre d’espacesmultiservices en développant l’offre d’espace de travail
flexible « Le Spot » en complément de son offre classique. Contrairement
aux espaces de
coworking
, ces lieux n’offrent pas les avantages d’une
communauté de travailleurs mais ils commencent à développer des
animations et des plateformes de mise en réseau de compétences.
Qu’est-ce qu’un tiers-lieu en 2015 ?
Un des principaux constats des cinq dernières années est que la seg-
mentation des lieux correspond de moins en moins aux usages. De plus
en plus, l’espace de
coworking
, l’espace de médiation numérique ou
le fab lab ne sont que des briques constitutives d’un même tiers-lieu.
Principale conséquence : les tiers-lieux vont devoir évoluer et s’adapter,
s’ouvrir à la notion de collaboratif et de partage. Il leur faudra apprendre
la souplesse pour s’adapter aux demandes et aux utilisations qui varient
selon les endroits et les contextes. Les briques de services des tiers-
lieux peuvent être regroupées en quatre grandes catégories :
• Animation, réseaux et convivialité
Quel que soit le territoire, son contexte et ses enjeux, la présence d’une
communauté locale d’usagers et de contributeurs à la vie du tiers-lieu
est une condition indispensable au succès d’un tiers-lieu. Une commu-
nauté dont l’existence est conditionnée par une animation de qualité et
la création d’une atmosphère conviviale.
Les approches d’animation des tiers-lieux peuvent sensiblement varier
d’un cas à l’autre, mais on retrouve toujours l’importance d’une personne
chargée de lamise en relation des usagers et de l’animation du lieu. Dans
certains espaces de
coworking
, la figure de l’animateur s’apparente à
celle d’un couteau suisse : animateur du réseau social interne, organi-
sateur d’évènements, partenaire des usagers dans leur quotidien… son
(11) Établissement recevant du public.
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