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Peut-être les limites de l’absurde sont-elles atteintes dans certains
univers professionnels voués à la fin d’un monde ? Il ne s’agit en aucun
cas d’être pessimistemais plutôt hyper-réaliste pour identifier, avec soin
et respect, toute émergence de signes plus prometteurs.
Le principe même de l’accompagnement individuel est de faciliter
le décodage d’un monde professionnel de plus en plus complexe,
d’offrir un espace-temps de réflexion à haute voix avec un effet miroir
exigeant et bienveillant sans enjeu de pouvoir, de faire découvrir à
chacun ses « pépites », ses appuis dans la pente pour mettre en pers-
pective son futur.
Voici le briefing que j’ai reçu d’un président d’un grand groupe coté pour
l’accompagnement d’un des membres de son comité exécutif qui me
paraît révélateur des qualités attendues du leader d’aujourd’hui et de
demain : « Savoir manœuvrer dans l’univers du “ gris ”. Ne pas perdre
son cap, ni soi-même (prendre du temps pour soi : hygiène mentale,
recul, efficacité) dans un univers où contrairement aux croyances
répandues, l’irrationnel joue un rôle déterminant (notamment au plan
boursier). Que chacun puisse se reconnaître dans ce leader, ayant un
rôle de régulation, dans le balancement entre exigence et bienveillance.
Être en capacité de changer d’univers de référence, l’erreur étant de se
mettre en continuité du précédent. Faire le tour des problèmes par leurs
différents angles comme dans une navigation par temps de brouillard
jusqu’à ce que la solution apparaisse évidente et concertée. Partager
un cheminement. Être authentique et aussi capable d’être dans des
jeux de rôles. Identifier ses zones de vulnérabilité pour en sortir plus
rapidement. Sourire… et ne pas chercher la perfection. »
La somme des attentes souligne la forte pression à tenir au quotidien
quand on est leader aujourd’hui et que l’on souhaite le rester demain !
L’un des défis est de trouver les ressorts d’un alignement intérieur qui
permette de concilier au mieux performance et bien-être pour soi et
pour ses collaborateurs.
La recherche de l’alignement intérieur
La recherche de l’alignement intérieur est une approche dont j’observe
qu’elle dépasse aujourd’hui largement l’initiative purement personnelle,
pour commencer à être initiée par de grands groupes. L’impuissance des
dispositifs collectifs et procédurés mis en place pour lutter contre les
risques psychosociaux en est un des déclencheurs.
Comment inviter les leaders à mieux détecter les « signaux faibles »
au sein de leurs équipes s’ils n’ont aucune présence à eux-mêmes, à
leurs besoins, à leurs limites ? Comment les amener à mieux s’occuper
d’eux-mêmes pour être plus disponibles aux autres ?
Il y a souvent confusion entre l’égocentrisme et l’égoïsme sain. L’égo-
centrisme consiste à percevoir le monde extérieur à travers ses intérêts
personnels et à être en recherche permanente d’éléments extérieurs de
réassurance et de reconnaissance pour chercher à combler son vide
intérieur (statut social, distinctions, augmentations de salaire, bonus,
véhicule de fonction, avantages sélectifs…). L’existence se résume à
l’avoir et au paraître. À force de ne pas savoir s’occuper de soi, on se
préoccupe sans arrêt de soi. En d’autres termes, on extériorise le souci
de soi.
Il est à souhaiter que le leader de demain sache renouer avec un égoïsme
sain, avec une capacitéde reconnaissance intérieurede l’Être. Rechercher
les conditions de son équilibre dans un monde de déséquilibres est une
approche réflexive et active d’alignement.
Prenons l’exemple d’une toupie. Pour qu’elle tourne rond le plus long-
temps possible, il s’agit de lui donner une impulsion en lamettant sur son
axe vertical.
Comment transposer cette image au leader de demain ?
En considérant l’alignement vertical selon cinq plans, indissociables et
interagissant de façon systémique, comme un écosystème. Pour chacun
des plans sont proposés ici quelques éléments de vigilance intérieure,
résumés de façon très succincte en comparaison des longues heures
nécessaires à leur appropriation, comme autant de signaux dont la
lecture régulière conduit à la connaissance de soi.
Il est à noter que l’École des neurosciences de Paris vient de créer un club
de réflexion avec de grandes entreprises pour envisager la transférabilité
des avancées de la recherche en matière notamment d’apprentissage,
demémorisation et de résistance au stress. Tout un champ à investiguer
pour que la richesse humaine soit mieux prise en compte par et pour les
leaders de demain !
