Previous Page  18-19 / 50 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 18-19 / 50 Next Page
Page Background

un monde de service où la matière grise abonde, il semble nécessaire

et pertinent de capitaliser sur les intelligences individuelles pour

transcender, avec le support des technologies et habitudes sociales

diverses, ces individualités afin d’en retirer un optimum global qui

respecte néanmoins les spécificités propres à chacun. Pour parfaire la

capacité du groupe à bénéficier des apports de tous les salariés, l’entre-

prise a adopté de façon massive la logique du réseau social d’entreprise

pour développer ce que l’on appellera des communautés digitales. Ce

fonctionnement s’est rapidement imposé comme une évidence tant il

est en phase avec les modes d’interactions usuels qui se sont répandus

dans le monde. La solution « bluekiwi », développée par une société

française que le groupe Atos a achetée il y a deux ans, a été déployée

auprès des 85 000 collaborateurs de l’entreprise et a permis de voir

éclore et foisonner des « communautés bluekiwi ». Ces communautés

actives au nombre de 7 000 au planmondial et 900 pour la France (dont

700 espaces projets/clients fermés et 200 communautés de partage

ouvertes) sont autant de lieux d’expression, d’échange, de partage,

de création : le principe de l’agora athénienne où chacun, en sa qualité

de salarié, dispose d’une plateforme d’expression libre, dans le respect

des règles internes et d’éthique sociale (héritage là aussi des principes

régissant les lieux de vie antiques).

Les communautés répondent à des logiques multiples :

- logique de projets ou de programmes : communautés qui réunissent

pour des durées variables l’ensemble des acteurs réunis autour d’un

programme ou d’un projet… ces communautés, nombreuses, per-

mettent le dialogue, la prise de connaissance, l’information et plus

généralement le débat sur des idées, postulats ou principes mis en

avant dans le cadre du projet, et ce indépendamment de toute logique

hiérarchique.

C’est la valeur de la contribution (le « post ») qui prime et non néces-

sairement la qualité de l’émetteur ;

- logique organisationnelle : communautés qui réunissent les équipes

appartenant à une même filière organisationnelle et/ou hiérarchique.

Là aussi la communauté est un vecteur d’information et de proposition ;

sorte d’agora moderne où l’échange et le débat trouvent naturellement

leurs places et où les contributions de tous participent à l’avancée des

idées.

Là aussi, la valeur du post prend le pas sur l’identité de l’émetteur et

sur son rang dans l’organisation ;

- logique des centres d’intérêt : communautés qui réunissent des salariés

ayant des centres d’intérêt ou des passions (professionnelles ou

personnelles) communes, etc.

Les communautés peuvent être ouvertes (donc publiques) ou fermées

(dont l’accès est géré par un

Community Leader)

; ces communautés

reposent sur une démarche de transparence et de responsabilité. Chacun

s’exprimant librement assume très constructivement ses contributions

et les réactions de la communauté dans une recherche de co-construction

de solutions par les apports de tous. On constate très vite l’émergence de

leaders d’opinion qui par leur pensée sont capables de susciter le débat,

d’interpeller les modes opératoires de proposer des disruptions.

La légitimité managériale dans ces communautés

digitales

Le réseau social et ses déclinaisonsmultiples en communautés diverses

modifient sur le fond l’approchemanagériale et sa légitimité : lemanager

n’est plus légitime du seul fait de son rang ou de son savoir. Pour les

équipes ou aux yeux des tiers c’est la capacité à dynamiser la capacité

de proposition du groupe et la propension à engager le groupe dans une

solution co-construite enmode collaboratif qui font dumanager le leader

compétent et suivi. Leglissement n’est pas seulement sémantiquequand

on évoque une transition d’une dimension managériale à une dimension

de leadership. Le premier gère le réel en optimisant les facteurs de

production, le second transforme le réel en explorant via le groupe de

nouveaux champs de développement. Les qualités humaines requises

pour s’imposer dans ce registre sont donc d’une nature différente de

celles qui étaient antérieurement admises comme nécessaires ; le leader

conserve évidemment une autorité de position ou de compétence mais

il s’impose surtout par cette capacité à stimuler la créativité, à aligner les

vecteurs dans le débat et à orienter la réflexion vers un objectif partagé.

Le leader n’est plus celui qui sait…mais celui qui fait en sorte que chacun

dans le groupe nourrisse le savoir collectif ; l’information n’est plus une

valeur à thésauriser mais bien un terreau d’où peuvent venir créations

et disruptions porteuses de valeurs nouvelles pour le collectif.

Une nouvelle temporalité

Le rapport à l’espace comme au travail en groupe étant redéfini, celui du

rapport au temps est évidemment lui aussi modifié ; la communication

peut toujours s’établir, indépendamment de la présence sur un site

unique, grâce aux outils aussi bien :

- en mode synchrone en

one on one

(via par exemple l’application

messagerie instantanée de Lync) ;

16

17