Cahier numéro 2 - page 18-19

était : « Je suis né en Anatolie où tout le monde avait du terrain. Mon
père, mon grand-père, mon arrière-grand-père, tout le monde avait son
bout de jardin. Lorsque l’on vit dans une HLM, on n’amême pas unmètre
carré, c’est vraiment frustrant. »
Dans le quartier, la ville possédait un terrain de plusieurs hectares
qu’une entreprise en faillite avait abandonné, et l’usine avait été démolie.
Des parcelles de quatre mètres carrés ont été mises en location, au
prix de 150
torekes
la parcelle par an. Les
torekes
(« petite tour » en
flamand) sont une nouvelle monnaie émise par la ville spécifiquement
pour ce quartier. Et la première question posée était : « Comment puis
je obtenir ces
torekes
? » Tout d’abord en travaillant à la création des
petits jardins eux-mêmes. Ensuite, en accomplissant toute une série
d’activités comme le nettoyage du quartier, la plantation defleurs autour
du quartier et en faisant des choses que la ville voulait encourager. Par
exemple, on obtient dix
torekes
en mettant un bac à fleurs du côté de la
rue, et un
toreke
en refusant les réclames dans sa boîte à lettres.
Le résultat a été que la ville de Gand a connu une explosion de volon-
taires, plus qu’elle n’avait prévu, au point où, à un moment donné,
elle a eu le problème de savoir quelles nouvelles activités créer. Il y
a toute une économie locale qui s’est développée en
torekes
. Quels
étaient les ingrédients de ce succès ? Une ressource non utilisée, une
usine désaffectée, un rêve, un besoin non satisfait, un bout de jardin.
Les
time dollars
aux États-Unis
Autre exemple : il y a actuellement aux États-Unis, plus de quatre cents
systèmes de
time dollars
opérationnels pour résoudre les problèmes
sociaux que les États ne peuvent financer faute d’argent. Chaque
semaine, un ou deux systèmes s’ajoutent à la liste. Qu’est-ce que qu’un
time dollar
? C’est un système de crédit mutuel sans intérêts qui permet
de rendre des services. Dans ce système, la valeur du temps de chacun
est considérée comme égale pour tout lemonde. Ce n’est pas du troc car
je ne rends pas un service en échange d’un même service à une même
personne. Je peux obtenir un massage du dos de deux heures, donner
une heure de travail dans le jardin demon voisin. Si je reçois deux heures
de massage, j’ai un débit de deux heures et si je fournis une heure de
jardinage, j’ai un crédit d’une heure. Vous créez votre propre monnaie
sans intérêts. Les autorités fiscales américaines ont décrété trois fois
que toutes les activités dans ce système ne sont pas taxables, parce
qu’ils résolvent des problèmes sociaux qui autrement coûteraient très
cher au contribuable...
Le
Fureai Kippu
au Japon
Le Japon est le pays de l’OCDE qui vieillit le plus rapidement. Tsutomo
Hotta, un juge de la cour suprême au Japon, a décidé quand il a pris sa
retraite de faire quelque chose pour résoudre le problème des soins aux
personnes âgées ou handicapées. Il a lancé en 1995 le système
Fureai
Kippu
. Comment fonctionne le
Fureai Kippu
? C’est une forme d’ONG de
quartier. Elle couvre toute aide aux personnes âgées ou invalides qui
n’est pas prise en charge par l’assurance maladie, comme la préparation
de la nourriture à lamaison, les courses, le transport, l’accompagnement
chez le docteur, etc. L’assurance maladie prend, elle, en charge les soins
à l’hôpital ou toute aide proprement médicale.
La personne qui rend le service reçoit des unités de temps, l’unité étant
l’heure comme dans le
time dollar
. Mais dans ce cas, la personne âgée
n’est pas débitée comme c’est le cas dans le
time dollar
. Ici, c’est l’ONG
qui assume le débit.
Il y a actuellement 486 systèmes opérationnels de ce type au Japon
dans l’ensemble du pays. Deux systèmes de clearing nationaux ont été
créés, demanière que, si j’habite à Osaka et quemamère habite dans un
village à l’autre bout du pays, je puisse lui envoyer mes crédits électro-
niquement. Au Japon, les gens prennent très au sérieux la responsabilité
vis-à-vis de leurs parents.
En Europe, la ville de Saint-Gall, en Suisse, a lancé le système du
Fureai
Kippu
dans le même but qu’au Japon. Mais ici c’est la ville, et non l’ONG,
qui garantit la gestion des unités.
Autres exemples demonnaies complémentaires
Il existeégalement uneautreexpérience intéressanteàYamato, uneville
japonaise de 750 000 habitants. Deux tiers des habitants y participent.
C’est un système de paiement par carte, similaire à notre carte à puce
bancaire. Supposons que vous habitiez dans un quartier que vous voulez
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