peut consulter à ce sujet les travaux de la RégionNord-Pas-de-Calais sur
la déclinaison territoriale de l’indicateur de développement humain
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).
Au niveau international, le projet concomitant de l’OCDE, « Comment va
la vie ? » (
Better Life Index
) visant à produire un indicateur dans un pre-
mier temps à l’échelle des pays (OCDE, 2011), puis des régions (OCDE,
2014), constitue également une avancée importante dans la mise à
disposition d’indicateurs de qualité de vie objectifs et territorialisés.
Leprojet de l’Inseesur les indicateurs territoriauxdequalitédeviepoursuit
plusieurs finalités : quantifier des déterminants objectifs de qualité de
vie, en cherchant à couvrir un nombre important de dimensions, tout
en sélectionnant un nombre limité d’indicateurs pertinents, permettre
des comparaisons entre territoires selon des mailles géographiques
relativement fines, et, si possible, fournir une mesure des évolutions
dans le temps, afin d’apprécier les dynamiques territoriales en matière
de qualité de vie.
Le choix des dimensions s’est appuyé sur les domaines pris en compte
dans des travaux antérieurs, notamment ceux réalisés par l’OCDE,
complétés par l’Insee. Par exemple, la dimension de l’égalité entre les
femmes et les hommes n’est pas toujours prise en compte dans les
travaux sur la qualité de vie, mais a été retenue par l’Insee.
Les dimensions prennent en compte les conditions de vie matérielles,
mais aussi le contexte qualitatif de la vie quotidienne. Ainsi, la qualité de
vie peut être approchée à la fois par des caractéristiques individuelles,
en lien avec des critères socio-économiques (revenus, emploi, logement,
etc.) et par les aménités du cadre de vie dans les territoires (accès aux
équipements et aux services, qualité de l’environnement, liens sociaux,
etc.). Au final, ce sont 14 dimensions qui ont été retenues, couvrant la
plupart des aspects de la vie sociale : accessibilité aux équipements,
culture-sports-loisirs-vie associative, éducation, égalité femmes-
hommes, emploi-travail, environnement, équilibre travail-vie privée,
logement, relations sociales, revenus, santé, sécurité, transports, vie
citoyenne.
Une fois les dimensions sélectionnées, l’étape suivante consiste à
identifier, pour chaque dimension, un nombre restreint d’indicateurs,
sous des contraintes parfois inconciliables : en premier lieu, que les
indicateurs retenus reflètent aumieux et de lamanière la plus objective
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possible la dimension identifiée, ensuite, qu’ils soient disponibles au
niveau communal, non pour être analysés à cette échelle, mais pour
permettre des regroupements sur des périmètres territoriaux à géométrie
variable (« zonages à façon »), enfin, qu’ils offrent la possibilité de
mesurer des évolutions dans le temps, sur un pas d’environ dix ans. Ces
deux derniers impératifs, de comparaisons spatiale et temporelle, ont
pu conduire, faute de disponibilité de l’information, à renoncer à certains
indicateurs dont la pertinence semblait pourtant meilleure, par exemple
dans les domaines des relations sociales, de la santé ou de la sécurité.
Les indicateurs mobilisés figurent dans le tableau 1.
La question de l’indicateur synthétique (ou composite) s’est immé-
diatement posée : comment agréger une information établie sur une
trentaine d’indicateurs, pour en fournir un résumé plus lisible ? L’indice
de développement humain (IDH), développé initialement par le PNUD,
est calculé par la moyenne de trois indicateurs élémentaires (revenu,
santé, éducation). Même s’il fournit une représentation simplifiée, sur
laquelle il est plus facile de communiquer, cemode de calcul d’indicateur
composite ne fait pas l’unanimité. D’une part, il revient à considérer que
les dimensions sont « échangeables » : pour un même niveau d’IDH
donné, on peut compenser un revenu plus faible par un niveau de santé
ou d’éducation plus élevé, mais le poids accordé à chacune de ces trois
dimensions ne trouve pas de justification autre que statistique…
Cette question de la pondération entre les dimensions ou les indicateurs
élémentaires est d’autant plus problématique que les indicateurs
recouvrent des dimensions hétérogènes, qui peuvent se distribuer
spatialement selon des corrélations négatives. Ainsi, un territoire peut
être bien positionné sur certaines dimensions de qualité de vie et en
retard sur d’autres. Selon le poids accordé à l’une ou l’autre dimension,
la valeur prise par l’indice synthétique sera évidemment différente. À
l’inverse, on pourrait souligner que, si tous les indicateurs étaient très
bien corrélés entre eux, il suffirait de n’en retenir qu’un seul, celui qui
résume le mieux tous les autres (par exemple le revenu pour les indica-
teurs socio-économiques).
Par ailleurs, le risque est grand que l’indicateur composite soit interprété
comme un classement, une forme de « palmarès » des territoires, dont
les médias sont friands, mais qui masque souvent la complexité des
phénomènes et la diversité des situations dans les territoires. C’est
pourquoi l’Insee a choisi de ne pas construire d’indicateur composite,
mais plutôt de réaliser une typologie des territoires, pour synthétiser
l’information, tout en mettant en évidence les différenciations territo-
riales.
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http://www.nordpasdecalais.fr/upload/docs/application/pdf/2012-06/note24.pdf