Huit grands types de territoires français
(tableaux 2 et 3)
Premier type : des territoires très urbanisés, plutôt favorisés, mais avec
des difficultés sociales et des emplois souvent éloignés.
La première catégorie de territoires est localisée en Île-de-France
(hormis le sud-ouest de Paris) et dans le Genevois français (9 millions
d’habitants). Elle se caractérise par une forte densité de population,
un accès aux équipements et services très rapide et une utilisation
fréquente des transports en commun (hormis dans les zones fronta-
lières). Les revenus et les salaires moyens y sont plutôt élevés et les
emplois stables. Les disparités entre les femmes et les hommes sont
relativement réduites. Néanmoins, ce tableau flatteur est à nuancer
par l’importance du chômage de longue durée, des conditions de loge-
ment souvent peu confortables et un lien social qui peut être malmené
(part des familles monoparentales et des personnes âgées vivant
seules). Enfin, l’accès aux soins peut poser problème, la présence de
médecins généralistes étant relativement faible au regard de l’impor-
tance de la population. Malgré ce constat, l’indice de mortalité globale
reste très favorable.
Deuxième type : des territoires plutôt favorisés, à l’accès aux équipements
rapide mais avec des difficultés socio-économiques.
Regroupant la plupart des métropoles régionales (Lyon, Marseille, Lille,
Toulouse, Bordeaux, Nantes, etc.), certains territoires de plus petite
taille ainsi que des zones touristiques de montagne (15,8 millions
d’habitants), ce type conjugue à la fois une rapide accessibilité aux
équipements et services et une densité de médecins généralistes
importante au regard de la population. L’adéquation des emplois par
rapport aux catégories sociales des actifs est bonne et ceux-ci sont
relativement proches du lieu de résidence. Cependant, à l’instar d’autres
territoires urbains, les situations sociales difficiles sont également
présentes (familles monoparentales, suroccupation des logements).
Les zones de montagne orientées vers le tourisme se rapprochent des
métropoles régionales, par des conditions socio-économiques et d’accès
aux équipements favorables. Mais les emplois y sont moins fréquem-
ment stables, du fait de la saisonnalité de l’activité touristique.
Troisième type : des territoires denses et riches, mais présentant
d’importantes disparités entre les femmes et les hommes.
Principalement localisés au sud-ouest de Paris et au nord-ouest de Lyon
(unmilliond’habitants), certains territoires concentrent de hauts revenus
et une population diplômée (70% détiennent aumoins le baccalauréat).
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En lien avec la forte densité de population, les transports en commun y
sont développés et les équipements et services facilement accessibles.
Le taux d’activité est élevé avec des emplois stables, mais souvent éloi-
gnés, car l’adéquation des emplois offerts sur place, au regard des caté-
gories sociales des résidents, est faible. Ces territoires sont marqués par
d’importantes disparités entre les femmes et les hommes, que ce soit en
termes de taux d’emploi, mais surtout en termes de rémunération (en
moyenne 33 % d’écart). En effet, ces territoires concentrent beaucoup
de cadres et de professions supérieures, qui restent les catégories les
moins féminisées.
Quatrième type : des territoires plutôt aisés, éloignés de l’emploi, situés
surtout dans le périurbain.
Certains territoires (5,3 millions d’habitants) situés en périphérie des
grands pôles urbains, présentent des caractéristiques favorables, que ce
soit en matière d’emploi (taux d’emploi élevé, y compris pour les jeunes
souvent diplômés, peu de chômage, emplois stables), mais aussi en
termes de revenus, de confort des logements et de liens sociaux. De
plus, la participation à la vie citoyenne y est particulièrement développée.
En revanche, l’emploi est éloigné du domicile (plus d’une heure de
trajet aller-retour pour un tiers des actifs) et l’adéquation entre emplois
offerts et actifs résidents est défavorable. Les disparités femmes/
hommes sont marquées en termes de taux d’emploi et plus encore en
termes de rémunération. Enfin, le temps d’accès à certains équipements
culturels, par exemple le cinéma, reste élevé.
Cinquième type : des territoires plutôt denses, en situation peu favo-
rable.
Ces territoires cumulent des positions relatives peu favorables sur
plusieurs dimensions de la qualité de vie (9 millions d’habitants).
Les indicateurs liés au marché du travail sont tous parmi les plus mal
orientés : faible taux d’emploi (moins de 80 % parmi les 25-54 ans),
notamment pour les femmes, difficultés d’insertion des jeunes, fort
chômage de longue durée. Les revenus moyens y figurent donc parmi
les plus faibles (17 % de moins que la moyenne nationale). S’ajoutent
des temps d’accès aux équipements plus élevés, des logements moins
confortables, un certain isolement des personnes âgées et une faible
implication sociale et citoyenne. La plupart des territoires concernés
sont concentrés auNord et à l’Est de la France, où ils recouvrent d’anciens
pôles industriels ou miniers (Douai-Lens, Béthune, Thionville...) mais
également dans le Sud-Est, particulièrement en Languedoc-Roussillon
(Carcassonne, Béziers, Alès…). Dans le Nord, on peut noter de surcroît
une mortalité relative plus élevée.