des rencontres croisées, de petits groupes d’échanges… La question
de départ n’était pas celle de l’indicateur, mais bien celle du sens :
« Qu’est ce que pour vous la cohésion sociale ? », « Qu’est-ce que
pour vous la biodiversité ? »… pour arriver petit à petit à la mesure :
« Et vous, comment vous le mesurez ? ».
600 personnes ont co-construit une vision partagée de ce que nous
souhaitions suivre et mesurer ensemble. Il n’y a pas réellement eu
de consensus, mais plutôt consentement sur des observations qui
restaient soumises à débat, mais étaient les plus acceptables par
tous. Tous étaient conscients que le 1
er
référentiel était critiquable,
mais trois règles ont prévalu :
• transparence : pour pouvoir critiquer, encore faut-il accéder aux
éléments complets de construction. Le choix a donc été fait de
publier en open data l’intégralité des données et des méthodes
de calcul, pour tous les départements de France ;
• le plus proche : toute critique inhérente au contenu du modèle
devait être accompagnée d’une contre-proposition concrète.
Ainsi il existe un modèle « rêvé » qui pourrait exister si toutes
les données étaient disponibles et accessibles, et un modèle
« pragmatique » qui fait avec l’existant ;
• la vérité à un instant T d’une communauté d’acteurs donnée : il n’y
a pas de vérité absolue, mais plutôt une vision partagée au sein
d’une communauté. Lepari est d’élargir progressivement lenombre
des acteurs impliqués pour arriver àdégager unevisionpleinement
partagée et recevable pour tous, professionnels, élus et citoyens.
La méthode de calcul a été soumise à un groupe d’experts, en
l’occurrence le Forum pour d’autres indicateurs de richesse (FAIR)
dans une étude pilotée par Jean Gadrey et Florence Jany-Catrice. Il
s’agissait pour ces experts non pas d’émettre un avis sur le contenu
du référentiel qui appartient aux acteurs eux-mêmes, mais bien sur
la méthode utilisée pour effectuer les calculs. Cet avis a été rendu
public.
La première version du Profil développement durable a ainsi pu être
publiée dans le cadre du premier rapport de développement durable
du Département de la Gironde en 2011. Le profil a été réactualisé
en 2014 avec la création d’un indice synthétique unique : l’INDICE
de BIEN-ÊTRE TERRITORIAL.
Depuis le travail se poursuit sans relâche. Un millier d’acteurs
(environ 80 % de Girondins et 20 % à l’échelle nationale et interna-
tionale) ont été associés à la consolidation du Profil. Il a été partagé
et porté au sein de l’Assemblée des départements de France. Une
dizainededépartements français l’ont utilisé sur leur propre territoire,
parfois en le complétant ou le critiquant.
Mais il y a des critiques inhérentes au modèle, notamment sur la
compréhension de ces travaux par tout un chacun et sur la nature
encore trop descendante du travail. L’idéal sera d’organiser la ren-
contre entre le Profil développement durable de la Gironde et les
données citoyennes issues du déploiement de la méthode Spiral…
Concevoir des indices territoriaux de bien-être ne suffit pas car il ne
s’agit pas uniquement d’observer la situationmais bien de la transformer.
Aucun acteur n’a seul la compétence, les moyens, la responsabilité
d’améliorer la situation. C’est affaire de coresponsabilité. Mais encore
faut-il que chacun puisse apprécier sa part de responsabilité dans un
écosystème de coresponsabilité sociétale territorial pour le bien-être
de tous aujourd’hui et demain. Cela suppose de nouvelles méthodes et
de nouveaux outils.
Et si on mesurait la coresponsabilité pour le bien-être de tous pour
aujourd’hui et pour demain : la part de chacun, là où chacun en est dans
l’exercice de son 100 % de responsabilité, les efforts individuels et
collectifs qui restent à fournir… ?
Le nouveau Graal est depuis moins d’une dizaine d’années devenu
l’Indicateur. Les commissions d’experts se succèdent, rendant des avis
toujours plus construits ; chaque grande organisation, grande institution
est aujourd’hui tenue de proposer, construire et se positionner au regard
de ces nouveaux indicateurs. Mais le diable se cache dans les détails
et observer les indicateurs permet de révéler des choix de société
fondamentaux qui échappent encore trop aux citoyens. Surtout, derrière,
l’indicateur ne dit rien du changement nécessaire pour permettre une
amélioration tangible de la situation. On cherche les dix plus beaux
indicateurs à mettre en vitrine, surfer sur la vague du changement pour
que rien ne change. L’effort est louable et il nemanque pas grand-chose
pour transformer l’essai : une réelle démocratie des indicateurs et une
mesure de la responsabilité de chacun dans l’amélioration effective des
situations individuelles, collectives et sociétales.
Un petit groupe hybride de 25 personnes composé d’agents de
collectivités et de l’État, d’élus, d’entreprises et d’associations a
travaillé en Gironde pendant 18 mois pour élaborer un « modèle
de contribution ». L’idée de départ est simple : matérialiser un outil de
mesuredelacoresponsabilitéidentifiantlespartsdechacunauregard
d’une situation territoriale. Malgré les efforts de benchmarking, le
groupe n’a trouvé que peu de ressources extérieures sur lesquelles
s’appuyer. Un prototype a donc été élaboré. Il permet, sur un simple
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