gouvernance forment un modèle permettant de décrire l’ensemble de
cette nouvelle économie.
Une économie régénérative et symbiotique
Lorsque l’ensemble est réuni, il se crée une économie de type symbio-
tique et régénératif : les externalités positives produites par les uns
sont les facteurs de production des autres. Le territoire augmente en
ressources : énergie, matière, innovations, connaissances… Il devient un
biotope économique productif dont les entités sont reliées par l’inves-
tissement, la production et l’approvisionnement, la redistribution de la
valeur, les échanges de biens, de services, d’information.
Un parc, un square deviennent épurateurs des eaux usées, nourriciers,
tout en produisant du bien-être individuel et social. Écosystèmes de
steppes sur ses toits, zones humides et forêts jardins à ses pieds, l’habitat
urbain est renouvelé. La ville devient écosystème : elle transforme ses
besoins en ressources, ses déchets en plus-value. Chaque mètre carré
devient productif. Elle est multifonctionnelle et relocalise au même
endroit habitat et emploi.
La ville écosystème est une ville intelligente. L’infrastructure numérique
double les infrastructures physiques : en connectant les objets, elle rend
les flux d’énergie, d’eau et de déchets plus efficients. En connectant
les hommes et leurs activités, elle densifie les échanges sociaux et
commerciaux. Les habitants reprennent pouvoir sur leurs infrastructures
numériques qu’ils co-construisent en
open source
et dans lesquels ils
investissent avec leurs territoires
30
.
Plus autonome, elle crée davantage de valeur. Sensible, elle transforme
ses habitants autant que ses habitants la transforment. Écologique, elle
se réintègre aux cycles du vivant. Visuelle, elle transforme l’imaginaire.
Rares sont les lieux qui combinent déjà toutes ces fonctions. Là où ils
existent ou là où quelques-unes de ces fonctions sont combinées, on
observe que la création de valeur est multipliée
31
, le bien vivre ensemble
renouvelé, les émissions carbone diminuées voire absorbées.
À l’échelle du territoire, les villes se couplent avec leur bassin de vie et
les ressources de leurs bassins versants. L’agglomération de New York,
par exemple, a résolu la dégradation de son eau potable en menant des
politiques de préservation de ses zones de captage au Nord de l’État,
constituées d’espaces forestiers, de grands lacs et d’espaces agricoles.
Elle a réalisé 70 % d’économie par rapport à l’implantation d’usines de
potabilisation. Les investissements ont conduit à la multiplication des
circuits courts alimentaires et à un accroissement de l’offre touristique.
En 25 ans, cette politique a généré 40 000 emplois et 100 millions de
dollars par an en chiffre d’affaire touristique
32
.
L’économie symbiotique propose ainsi un nouveau sens à nos sociétés :
elle est une économie de progrès où l’homme et le vivant se nourrissent
mutuellement, dans un esprit d’innovation à impact positif sur le vivant
et sur la société.
Elle se décide, mais elle ne s’impose pas. Elle se co-construit, avec les
habitants, avec les institutions et avec les entreprises.
Isabelle Delannoy
Fondatrice de l’agence de recherche action
en développement économique Do Green
62
63
(30)Tel ledéveloppementde laplateformederéseau local
open source
Communecter,
dans l’île de La Réunion et qui commence dans quelques villes françaises.
(31)RaphaëlSouchier,
Madeinlocal
,EdEyrolles,2013.Lorsqu’unartisan,uncommerçant
ouune entreprise s’approvisionne sur son territoire, la génération de la valeur pour le
territoire(emplois,fiscalité,etc.)estmultipliéepar3à4.Sionajoute lespotentielsdu
pair à pair et de l’ingénierie écologique, cette création de valeur estmultipliée.
(32) City of NewYork,
PlaNYC progress Report
, 2013.