ENTRETIENS AK - Cahier n° 13 avec couv - page 16

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pas de famille, qui n’ont pas eu d’enfants, et ceux-là, on les oublie bien
souvent. Ils n’ont pas d’aide de proximité.
Cequ’on remarquebeaucoup chez nos lecteurs qui ont entre65et 75ans,
à la différence de leurs parents, cette génération appelée « génération
pivot » et ce n’est pas pour rien, c’est qu’ils ont au-dessus d’eux des
parents qui sont encore en vie, plus âgés, qui souvent commencent à
être dépendants ou sont très dépendants, et ces seniors ont de l’autre
côté leurs enfants et leurs petits-enfants qui, par ces temps de crise,
ont besoin d’eux. Les gens de cette génération sont vraiment pris en
sandwich, ils doivent aider et leurs parents et leurs enfants. Ce qu’ils
nous disent le plus souvent, c’est qu’ils ont vraiment des difficultés dans
cette jungle. C’est une vraie jungle : chaque Département ou chaque
Région a sa façon de faire, il est extrêmement compliqué parfois, quand
on n’habite pas dans le même département que son parent d’obtenir
des aides, des auxiliaires de vie. Comment faire pour avoir le droit à
l’EHPAD ? Comment obtenir les aides financières ? C’est véritablement
une jungle, et il est très difficile de trouver du temps, des moyens pour
aider des parents vieillissants qui eux, n’ont pas forcément les moyens
d’avoir une auxiliaire de vie.
Et cela va aller de mal en pis, on ne peut être que pessimistes sur ce
point. Nos enfants seront obligés, plus ou moins, de s’occuper de nous.
Je pense qu’il est grand temps de prendre cela en considération pour
faciliter toutes les démarches. On le sait, l’administration française est
un labyrinthe qui n’aide pas nos seniors dans toutes leurs démarches,
et c’est beaucoup de tracasseries pour eux. Mais j’ai quand même bon
espoir parce que je crois que les jeunes générations en sont conscientes.
On sait aujourd’hui que, malheureusement, et les jeunes seniors le
savent, ils ne peuvent compter que sur eux ou presque. En tous cas, ils
sont obligés de compter sur eux pour ces trente années qui leur restent
à vivre. Donc c’est nous, plus jeunes, qui traçons la voie d’un bien-vieillir
autrement et certainement plus solidaire.
Emmanuelle Mary
Chef de rubrique du magazine
Pleine Vie
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cassent une jambe, le col du fémur, il y a quelqu’un à côté qui vient vous
visiter, vous faire vos courses, vous faire à manger. Et vous, demain,
vous rendrez service à une autre personne ! C’est très important éco-
nomiquement pour tous ces seniors, de pouvoir vivre dans un lieu
agréable, et non pas un petit studio, d’avoir une pièce de vie commune
où la plupart se rencontrent une fois par semaine ou une fois par mois,
cela dépend vraiment des cohabitats. Garder ce lien social, payer un petit
peu moins la facture.
Je voulais vous faire part de ce genre d’habitations partagées, qui
sont en train de se multiplier, et je pense que beaucoup de communes
devraient les aider. Certains villes font partie d’un réseau qui a décidé
d’aider ce genre d’habitat partagé en préemptant certains terrains,
puisque toute la difficulté est là, en France, nous avons des lois dras-
tiques. En préemptant donc certains terrains pour pouvoir aider des
groupes à construire, à monter un projet et à vivre dans un habitat
partagé. Cet habitat, d’ailleurs, n’est pas forcément partagé que par des
seniors. Les seniors aiment aussi vivre avec les plus jeunes, et c’est tant
mieux, car les plus jeunes leur apportent autre chose.
Dans lenordde laFrance, il ya les béguinages, qui viennent de laBelgique
et des pays nordiques. Très souvent, des familles avec enfants s’installent
avec des personnes âgées qui rendent des services en gardant les en-
fants, pendant que les plus jeunes rendent des services aux personnes
âgées.Il y a aussi des projets qui se montent, dont un en Vaux-en-Velin,
de seniors qui ont construit leur cohabitat, chacun chez soi, mais avec
une salle commune et un appartement – vide pour l’instant, car ils ont
65, 70 ans, ils sont en bonne santé. Mais cet appartement vide est là
pour le jour où ils auront besoin d’une aide, d’une auxiliaire de vie ou
d’une infirmière, et c’est un appartement pour une famille, dans l’idée
qu’un jour viendra s’y installer quelqu’un qui pourra les aider à mieux
vivre et à rester le plus longtemps possible dans cette habitation.
Nous avons parlé de la domotique. Il est certain que c’est quelque chose
d’important, quelque chose qui va tous nous aider. J’ai appris que je
faisais partie de cette cible des baby-boomers puisque je suis née en
1970. Cela va nous aider, certes, mais rien de remplace l’humain, et cela,
nous le voyons chez nos lecteurs tous les jours. Ceux qui nous appellent
sont seuls, ils veulent nous parler, parfois pendant une demi-heure,
une heure, parce que certains n’ont personne à qui parler. Les enfants
peuvent être loin, voire à l’étranger, les petits-enfants aussi. Quand ils
ont leur famille à proximité, c’est beaucoup plus simple. Mais ce n’est pas
le cas de tout le monde, et il y a un certain nombre de seniors qui n’ont
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