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Dans cet Entretien Albert-Kahn consacré à l’intelligence politique
des dirigeants, Annabel-Mauve Adjognon démontre admirablement
bien comment l’éthique et la confiance sont les piliers des stratégies
gagnantes à long terme. Comme souvent, l’intervention nous apporte
une clarification des concepts. On apprend notamment que chercher à
comprendre l
’enjeu
de son interlocuteur est une clé pour mieux cerner
sa posture et son jeu politique. Que cet enjeu peut être certes profes-
sionnel mais aussi privé et que «
l’utilisation de techniques malsaines
dans les jeux politiques des organisations est vouée à l’échec à long
terme
». On comprend également mieux pourquoi
Le Prince
deMachiavel
a causé du tort à l’intelligence politique alors qu’il y a quelque chose de
noble dans le fait de se poser des questions de stratégie et de tactique, et
que ce qui fait la différence, c’est finalement le comportement éthique
ou pas du dirigeant.
Nous ressortons de cette matinée avec une palette d’acquis très
pragmatiques qui permettent de mieux comprendre nos projections
psychologiques ou émotionnelles, nos biais qui font que parfois nous
manquons de clairvoyance. L’exposé nous permet de mieux cerner la
nature des relations interindividuelles. Le test sur notre intelligence
émotionnelle nous ouvre à des dimensions souvent ignorées du mana-
gement. Il montre en outre que nos émotions peuvent également servir
de levier demotivation (ou de démotivation !). Cela nous rappelle qu’être
dirigeant passe par une connaissance de soi et des autres à la fois
psychologique, émotionnelle et culturelle.
Aujourd’hui avec le numérique, l’impact de nos actions et de notre
communication est démultipliée. Tout finit par se savoir, plus rapidement
qu’auparavant. La pratique d’une intelligence politique n’est plus facul-
tative, elle devient une nécessité de pratique éthique au quotidien. Cet
Entretien nous donne des pistes très concrètes pour adapter nosmodes
de management.
Carine Dartiguepeyrou
Secrétaire générale
des Entretiens Albert-Kahn