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gérer les relations interpersonnelles qui constituent le jeu politique,
dépend donc en grande partie de sa connaissance culturelle des autres
joueurs. Une des conséquences les plus concrètes de cette empreinte
culturelle sur les jeux politiques se situe dans les manières de négocier
entre les joueurs. La négociation est une des techniques privilégiées
des fins stratèges. Si elle obéit à des principes fondateurs immuables,
la manière de les décliner et de les mettre en œuvre dépend princi-
palement des us et coutumes de chacun. Mieux vaut donc être averti
des pratiques acceptables et inacceptables avant de commencer une
négociation.
Il existe énormément de littérature scientifique sur l’interculturalité au
sein des organisations. Mon choix se porte aujourd’hui sur les travaux
de Christopher Earley, professeur à London Business School, et Elaine
Mosakowski, professeur à l’université du Colorado. Ces professeurs ont
publié un article en 2004 dans la
Harvard Business Review
dans lequel
ils expliquent que la rencontre interculturelle admet une dimension
cognitive, physique et émotionnelle. Au niveau cognitif, il s’agit de
comprendre les valeurs et les croyances de l’Autre. Il faut également
connaître ses us et coutumes pour mieux savoir comment agir avec lui.
Au niveau physique, le stratège adopte les canaux de communication
les plusappropriés,ilévitedeheurterl’autreparsamanièredesecomporter.
La dimension physique est aussi associée par Earley et Mosakowski à
la nécessité de vaincre ses propres peurs et réticences qui s’expriment
en premier lieu par le corps. Enfin, la dimension émotionnelle est vue
ici comme l’aptitude d’un individu à dépasser ses émotions et ressentis
pour accepter la différence culturelle sans la juger.
Les autres compétences que nous avons évoquées sont nécessaires
pour comprendre et anticiper le comportement d’autrui. L’intelligence
culturelle est surtout une manière d’adapter son propre comportement
à son interlocuteur. Cela facilitera la communication et la compréhen-
sion réciproque. À la manière d’Albert Kahn, il s’agit donc de dévelop-
per un profond respect et une extrême curiosité vis-à-vis de l’autre
et de l’altérité en général, dans le but de construire une relation avec
l’Autre.
En guise de conclusion, nous pouvons retenir qu’avant d’entrer dans un
jeu politique, il faut être sûr d’avoir bien travaillé sur ces trois compé-
tences. Elles constituent les ingrédients de base de la préparation d’un
fin stratège. Bien sûr, elles ne résument pas à elles seules l’intelligence
politique. Il faudrait évoquer les méthodes d’analyse des situations
politiques ainsi que les manières de construire une stratégie politique