1.3. Être vigilant sur ses propres biais
Dans la continuité des réflexes mentaux, nous trouvons les biais et les
filtres mentaux qui nous empêchent d’être efficace dans la perception
des situations et dans la recherche d’une stratégie politique adaptée.
Selon les travaux de l’équipe du docteur Michel Fiol, le premier biais est
le
repli sur les certitudes
. Au fil du temps, nous avons tous cristallisé
des certitudes sur tous les domaines de la vie. Ces certitudes agissent
comme des réflexes mentaux ; elles vont être activées pour nous éviter
de passer du temps sur la réflexion. Elles biaisent totalement notre
perception et notre jugement dans une situation politique. L’exemple le
plus frappant et que j’entends le plus régulièrement concerne la percep-
tion des syndicats. Lorsqu’un cadre aborde le sujet des syndicats devant
d’autres collègues, j’entends souvent l’un d’entre eux s’exclamer : « De
toute façon les syndicats, on ne peut jamais rien faire avec eux ». Cette
certitude pollue instantanément la capacité du cadre à réfléchir avec
recul et ouverture sur le sujet de son collègue. Chacun d’entre nous doit
réfléchir à ces certitudes pour comprendre ces barrières invisibles que
nous érigeons malgré nous entre notre réflexion et la réalité sociale
externe.
Le second biais est la
mentalité solution
. Les cadres courent toujours
après le temps. Leurs collaborateurs et leurs supérieurs leur demandent
en permanence d’apporter des réponses à des problèmes de manière
quasi-immédiate. Les cadres sont tellement habitués à prendre des
décisions dans l’instant qu’ils en oublient le temps de réflexion et de
prise de recul nécessaire à chaque traitement de problème. Ils se sai-
sissent donc de quelques éléments et développent instantanément
une possible solution sous forme de conseil : « Tu devrais faire… ». Sortir
de la mentalité solution, c’est s’accorder du temps coûte que coûte pour
bien étudier les situations. Cela permet de s’assurer que l’on va répondre
au vrai problème et non pas seulement aux symptômes qu’il génère. Il
faut savoir retrouver le temps de la réflexion, s’éloigner du vacarme quo-
tidien pour entrer en soi, résister au tourbillon temporel. Comme le disait
si bien Nietzche dans un de ces ouvrages : « Pauvre fou ! Tu t’enorgueillis
de faire face en permanence aux imprévus. Tu penses dompter la vie et
le temps car tu gères l’imprévu. Tu n’as donc rien compris, c’est l’imprévu
qui te gère, et non l’inverse. » Une affirmation à méditer…
Le troisième biais est la
dépendance de sentier
. Ce concept renvoie
au fait que lorsqu’on a pris un chemin et qu’on a investi dessus, il est
très difficile d’admettre que l’on s’est trompé et qu’il est temps de faire
marche arrière. Le meilleur exemple de cette dépendance de sentier
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