collaborateurs. Cette époque est révolue. Les milieux professionnels
sont devenus des villages où tout se sait, la réputation des individus
précède souvent leur prise de poste. Nous sommes désormais dans un
monde où la réputation va devenir cruciale pour l’évolution des carrières.
Les meilleurs politiques seront ceux qui créeront des liens de confiance
à long terme plutôt que ceux qui en détruiront sur leur chemin. Je
soutiens qu’on peut et que l’on doit exceller dans les jeux politiques
sans renier ses valeurs et son éthique, car cela est une condition
sine
qua non
de la réussite dans les années à venir.
Trois compétences clés de l’intelligence politique
Pour concevoir et déployer des stratégies gagnantes, trois types d’intel-
ligences sont nécessaires : situationnelle, émotionnelle et culturelle.
1. L’intelligence situationnelle
Le concept d’intelligence situationnelle a été développé à partir des
années 60 par des chercheurs américains en leadership et en mana-
gement comme Blake et Mouton (1964), Hersey et Blanchard (1977) et
Fiedler et Garcia (1987). Ces travaux théoriques, regroupés sous le nom
d’« école de la contingence », ont montré que les meilleurs dirigeants
étaient ceux qui savaient adapter leur comportement aux besoins de la
situation. Il n’existe donc pas une bonnemanière de faire, un «
one best
way
», mais une multitude de comportements plus ou moins adaptés
au contexte. Ce que nous devons retenir de ces travaux est que l’art de
faire de la politique en entreprise nécessite en premier lieu une habileté
cognitive qui permet d’ajuster son comportement aux situations. Pour
cela, la première tâche du cadre politique est d’analyser en profondeur
la situation à laquelle il est confronté pour y répondre lemieux possible.
Cela paraît simple et évident, mais la difficultémajeure est que le regard
porté sur la situation change en fonction des individus.
En effet, le psycho-sociologue américain Kurt Lewin (1939) disait fort
justement que les individus ne répondent pas à la réalité telle qu’elle
est, ils répondent aux perceptions qu’ils en ont. Toute réalité sociale est
construite par les individus de manière individuelle et/ou collective. Par
conséquent, il n’existe aucune situation observable et objectivable qui
se résume à un ensemble d’éléments factuels. Chacun d’entre nous a sa
propre manière de voir et de donner du sens à une situation.
L’intelligence politique débute par cette posture cognitive singulière
vis-à-vis de la réalité : il s’agit d’accepter et d’assumer le fait que chacun
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