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gestion, qui plus est lorsque les transpositions concernent un ouvrage

écrit cinq cents ans auparavant.

Mon propos ici est de demander à chacun d’arrêter d’associer la poli-

tique en entreprise aux écrits de Machiavel. Il existe des techniques

politiques saines et des enjeux honorables qui sont défendus dans les

jeux politiques.

La politique sans éthique est vouée à l’échec

J’irais même plus loin, je pense que l’utilisation de techniques malsaines

dans les jeux politiques des organisations est vouée à l’échec à long

terme. En effet, les organisations concentrent des enjeux à court, moyen

et long terme. Les personnes impliquées dans un jeu politique sont

donc fortement susceptibles de se retrouver ensemble dans un autre

jeu politique quelques temps après. Or, la manière dont le jeu politique

précédent a été joué aura des conséquences cruciales sur le nouveau

jeu politique.

Si un individu s’est mal comporté précédemment, les autres n’auront

plus confiance en lui. Il sera difficile pour lui de parvenir à nouveau à ses

fins dans le prochain jeu. Si son comportement a vraiment été insuppor-

table, les autres joueurs attendront patiemment le prochain jeu pour lui

faire payer l’addition. Il risque gros. L’intelligence politique nécessite

ainsi une vision à long terme des conséquences de ses actions. Si vous

agissez mal pour gagner un jeu politique, vous pourrez peut-être sortir

victorieux. Mais le prix à payer est la dégradation irrémédiable des liens

de confiance qui vous unissent aux autres. Vous êtes alors quasiment

assuré de vous retrouver seul la prochaine fois. Je défends donc l’idée

que seules les pratiques éthiques et vertueuses, créatrices de confiance

à long terme, font le succès des plus fins stratèges en entreprise.

Cette idée est d’autant plus forte aujourd’hui que l’inter-connectivité

des organisations et la vitesse de propagation des informations sur

Internet ont un impact fort sur la réputation des individus. Dans les

années 80, vous pouviez mal vous comporter et changer rapidement

d’organisation ou de service pour faire peau neuve. Les années 80

étaient dominées par un paradigme du self-made-man où la réussite

financière etmatérielle justifiait tous les comportements. «

La fin justifie

les moyens

» est le dicton de ces années business où l’on glorifiait les

pires crapules si elles avaient un porte-monnaie bien rempli. On a vu

ainsi fleurir des « mercenaires organisationnels » qui ont sans aucun

doute réussi leur vie professionnelle au détriment de leurs malheureux

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