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rechercher des solutions dans l’identification et l’observation de

certains individus ou groupes ayant surmonté les difficultés. En les

mettant en lumière et en facilitant leur communication directe, ces

« déviants » positifs peuvent, par viralité, faire émerger de bonnes

pratiques « transformantes ».

Troisième partie

Le leadership du changement

Stylesdemanagement

Comme le dit si bien Dominique Genelot :

« Les entreprises sont en

première ligne sur le front de la transformation, ce qui génère l’absolue

nécessité de réinventer la façon de les conduire. »

On ne dira jamais assez combien il est difficile de diriger dans le

contexte général décrit en première partie et dans la pression ambiante

résumée ci-après :

• un contexte géopolitique et économique incertain et déstabilisant qui

exige des stratégies business toujours plus résilientes ;

• unepression fortedumarchéqui exige sans cesseque les organisations

repensent leur coût ;

• et dans le même temps, une demande collective forte que les organi-

sations délivrent plus de valeur, contribuent plus à la société et créent

un environnement de travail plus sain.

Tous les indicateurs complexité/changement s’affolent, comme en

témoignent certains de ces chiffres :

• 95 % des initiatives de changement en entreprises sont pertinentes

mais 66 % de celles-ci échouent ;

• entre 1955 et 2010 : l’indice de complication en entreprise s’est trouvé

multiplié par 35 ;

• entre 1955 et 2010 : l’indice de complexité s’est trouvémultiplié par 6 ;

• lenombrede changements dans la vied’uneorganisation a étémultiplié

par 3 en 15 ans ;

• le temps pour réaliser un projet s’est lui divisé par 2 en 10 ans (de 24

mois à 12 mois) ;

• 2/3dessalariésdemandentàêtreassociésauxchangementsetestiment

ne pas l’être assez.

Revenons sur le sujet à notre distinction capitale entre complication et

complexité rappelée ci-dessous :

compliqué :

on en vient à bout avec du temps, de la méthode et des

moyens ;

complexe :

onpeut aumieux lenommer et lequalifiermais jamais lecom-

prendredans tous ses détails ni enprévoir ses effets, ni enavoir lamaîtrise.

Les travaux d’Yves Morieux et Peter Tollman du Boston Consulting

Group dans leur ouvrage

Smart Simplicity

nous éclairent là encore sur

l’importance de bien comprendre les types de leadership associés aux

deux concepts :

styles de management de la complication

Ce sont, par exemple, les travaux de Taylor sur les processus ou deMayo

sur les relations interpersonnelles.

Ces théories visent à contrôler l’individu pour lui faire faire ce qui est

défini par d’autres considérés comme plus aptes à organiser le travail en

vue d’atteindre un objectif fixé précisément.

style de management de la complexité

Ce sont, par exemple, les travaux de Schelling, Simon, Crozier et Axelrod.

Ils insistent au contraire sur l’art de conjuguer autonomie et collabora-

tion pour permettre d’atteindre un objectif qui est plutôt comme une

ligne d’horizon.

Trop d’entreprises n’ont pas encore réalisé que l’augmentation dans les

projets de la complexité nécessitait urgemment de muter d’un système

« résolution de problèmes par le processus et l’exécution d’une feuille

de route »

à un système plus ouvert et collaboratif dans lequel le plus

grand nombre de bonnes volontés cherchaient ensemble les moyens

de progresser sur un chemin qu’ils inventaient en même temps qu’ils

faisaient.

Cet extrait de l’ouvrage

Smart Simplicity

me semble une excellente

synthèse de ce que l’on observe dans de trop nombreuses organisations :

«

La vraie malédiction n’est pas tant la complexité que la complication

interne créée pour y répondre, c’est-à-dire la prolifération des rouages

(structures, procédures, règlements) d’unemécanique organisationnelle

toujours plus lourde et encombrante qui n’est que le sous-produit d’une

pensée et de pratiques managériales dépassées, inefficaces et non

pertinentes.

»

Attention donc aux jeux dangereux d’un leadership

inadapté qui

pourrait se résumer par les slogans suivants :

• « Traitons le complexe avec du compliqué » ;

• « Faisons comme si c’était simple… » (changeons l’organigramme et

nous changerons, décrétons et ils exécuteront…) ;

• « Décrivons le futur dont nous avons la maîtrise » (traçons dans le

détail la feuille de route et tenons-nous en au plan…).

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