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Synthèse
prospective
Carine Dartiguepeyrou
À travers cette expérimentation qui a duré plusieurs mois, un certain
nombre de conclusions et de conditions nécessaires pour favoriser
l’émergence de tiers-lieux dans les Hauts-de-Seine et au-delà, ont
émergé. Tout d’abord, l’importance de l’animation, de la programmation
et de la dynamique managériale et collective de ces lieux. L’exemple de
Casaco, tiers-lieu co-financé par le Conseil général des Hauts-deSeine,
qui ouvre ses portes en décembre 2014, montre le souhait d’assortir le
projet d’espace de
coworking
d’une communauté qui s’est organisée et
a fait le choix de créer une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif).
Deuxièmement, il ressort des travaux que l’on n’attend pas du Départe-
ment des Hauts-de-Seine qu’il crée ses propres tiers-lieux, mais plutôt
qu’il accompagne des initiatives de projets de tiers-lieux et facilite le
déploiement de ces projets sur le territoire. Troisièmement, on attend
de lui qu’il facilite les liens entre les différents types d’acteurs à la fois
collectivités territoriales, porteurs de projet, entreprises foncières, tra-
vailleurs indépendants, étudiants, chercheurs d’emploi, etc. Enfin, qu’il
rassemble les informations et les partage, l’expérimentation menée par
le Laboratoire d’innovation publique et de ce Cahier y contribuant.
Ces tiers-lieux apparaissent une alternative à la réduction des temps de
transports, au développement de nouvelles consommations collabora-
tives et au « travailler autrement ». Ils ne constituent pas uniquement
un outil de développement économique au service du territoire, mais
sont également un moyen d’adaptation au changement. John Florida,
auteur du concept de « creative class » a montré que l’attractivité des
villes se tisse par une alliance subtile entre la croissance économique et
les nouvelles compétences caractéristiques de l’économie de la création,
de la connaissance et de la communication. Avec la métamorphose
numérique, c’est une mutation de la création de valeur qui est en jeu,
plus axée sur de nouvelles activités riches en contenus, en échange
d’informations, en innovation sociale et porteuses d’énergies créatives.
Les grandes entreprises restent encore frileuses vis-à-vis de ces lieux
d’émulation et d’innovation. La faible maturité numérique des entre-
prises françaises par rapport aux entreprises anglaises et allemandes
(Rapport Rolland Berger Consulting, 2014) ne doit pas nous faire
abandonner la perspective de résilience et d’attractivité des territoires
à commencer par ceux, comme le département des Hauts-de-Seine, qui
offrent de nombreux atouts.
Carine Dartiguepeyrou
Secrétaire générale des Entretiens Albert-Kahn