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L’exposé de Madame Annabel-Mauve Adjognon a ceci d’original qu’il
redonne un cadre éthique à la pratique du
politique
dans les organi-
sations. L’organisation est considérée comme un système politique
qui nécessite d’être régulé.
L’intelligence politique des dirigeant
s,
expression proposée par l’auteur, est définie comme une compétence
qui repose sur des aptitudes humaines cognitives, émotionnelles et
comportementales. L’intervenante redonneune légitimité à l’intelligence
politique en distingant bien la conduite
éthique
de celle qui ne l’est pas.
Elle met en avant la nécessité de ne pas oublier les sentiments des uns
et des autres, tout en se méfiant de nos propres perceptions.
Comme évoqués dans d’autres Entretiens Albert-Kahn, l’écoute, le
respect des différences de vue et de représentations constituent des
éléments de base du management. L’intelligence politique s’enracine
dans une
intelligence culturelle
, qui ne consiste pas uniquement à com-
prendre les situations, les enjeux des personnes ou des groupes, mais
également à s’adapter socialement et culturellement. Cette dimension
fait écho à l’héritage d’Albert Kahn, passionné de cultures étrangères,
qui a cherché à rendre accessible cette richesse culturelle. On retrouve
bien sûr aujourd’hui cet enjeu, encore plus amplifié du fait de la mondia-
lisation, qui permet à la fois de relier plus facilement les cultures entre
elles, mais crée également de nouvelles barrières sociales.
L’intelligence politique «
nécessite une vision à long terme des consé-
quences de ses actions
», nous dit l’auteur. Elle remet à l’honneur la
prospective et l’anticipation au service de l’action qui nous sont chères
aux Entretiens Albert-Kahn. L’intérêt de cette recherche est qu’elle met
en avant les compétences nécessaires pour évoluer professionnellement
vers des modes opératoires plus conscients, éthiques et respectueux
des autres. J’espère que cet Entretien pourra tous nous inspirer quelles
que soient nos appartenances.