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Introduction :
quel regard porter sur les organisations ?
Les organisations, qu’elles soient publiques ou privées, peuvent être
observées sous plusieurs angles. Gareth Morgan, consultant en mana-
gement et professeur à York University, avait identifié en 1998 sept
métaphores couramment utilisées pour parler des organisations : la
machine, l’organisme vivant, le cerveau, l’instrument de domination, la
prison psychique, les flux et transformations, la culture et le système
politique.
Concevoir une organisation comme une
machine
renvoie à l’aspect
mécanique du processus de production. Cette vision est héritée des
travaux de Frederick Taylor (1919), ingénieur américain, et d’Henri Fayol
(1916), ingénieur desMines français. Il s’agit d’organiser scientifiquement
le travail : découpage de l’activité en tâches, planification, supervision et
coordination du processus de production.
Les temps modernes
, le film
satirique de Charlie Chaplin sur la vie industrielle, illustre parfaitement
cette vision mécaniste des organisations.
Une vision naturaliste de l’organisation se développe dans les années
50-60. Les chercheurs en sciences de gestion envisagent l’entreprise
comme un
organisme vivant
. En tant qu’organisme, elle a besoin de
ressources pour survivre. Son objectif est de se développer, de croître
et d’assurer sa longévité. Mais elle subit la sélection naturelle de son
environnement : les organisations qui s’adaptent le mieux auront des
chances de survie alors que les autres disparaîtront. Les thèses darwi-
niennes et les principes de la biologie sont appliqués aux organisations
par des chercheurs comme Burns (1963) ou Lawrence et Lorsch (1967).
On cherche alors à découvrir la manière dont les organisations peuvent
survivre à l’épreuve du temps et des changements de l’environnement.
En parallèle, les avancées de la cybernétique et des sciences de l’infor-
mation mettent le projecteur sur le traitement de l’information au sein
des organisations. L’organisation est vue comme un
cerveau
qui reçoit
et diffuse de l’information. Il apprend en permanence et les individus
qui composent l’organisation sont les piliers de cet apprentissage. Le
modèle japonais et les cercles de qualités qui font fureur en Occident
dans les années 80 sont totalement ancrés dans cette vision organi-
sationnelle. Lorsqu’on parle d’intelligence collective et d’organisation
apprenante, c’est à cette vision que l’on se réfère de manière implicite.