Synthèse
prospective
Carine Dartiguepeyrou
45
Grâce à la richesse et à la diversité des interventions de cette matinée,
nous pouvons rassembler les ingrédients nécessaires pour « faire
vivre » un espace public et en révéler ses traits singuliers.
Valérie Thomas et Jean-Christophe Choblet de Nez Haut insistent sur
l’importance « de créer par le récit les conditions d’un espace urbain en
mouvement ». Leurs expériences de Paris Plages et de Forme Publique
à La Défense matérialisent cette « scénographie urbaine ».
Au travers de son expérience à Nantes Saint-Nazaire, le directeur
artistique Jean Blaise nous fait découvrir comment faire (re)vivre un
territoire, en valorisant sa singularité, en donnant une place centrale
aux designers, en ouvrant aussi aux artistes « d’ailleurs », en reliant
les points clés de la ville par un parcours, etc. La métamorphose créa-
tive de Nantes Saint-Nazaire a connu plusieurs vagues qui ont creusé
un sillon culturel. L’inscription dans la durée apparaît encore une fois
comme un critère important de réussite pour les politiques publiques.
Les métamorphoses créatives ne sont pas hors-sol et ont des impacts
économiquesmajeurs pour les territoires. On le voit avec l’augmentation
majeure du nombre de nuitées à Nantes, la sensibilisation au « bien-être
au travail » à La Défense, etc. Elles sont également une opportunité de
tisser des partenariats public-privé.
La transformation de l’espace public est le fruit d’une détermination
politique voire d’une coopération entre les collectivités territoriales
comme dans le cas de Nantes et de Saint-Nazaire. L’apprentissage se
fait en marchant, les décisions ne sont pas toujours rationnelles. C’est
aussi l’expression même de choix politiques comme nous le rappelle
l’architecte-urbaniste Ariella Masboungi : c’est jouer la transparence,
en ouvrant à la vue les rez-de-chaussée et en les rendant « vivants ».
C’est avoir du plaisir à s’asseoir dans une ville. C’est créer du lien durable
en mêlant les dynamiques
bottom-up
(citoyens vers élus/décideurs) et
top-down
(élus/décideurs vers citoyens).
Le courage d’entreprendre est d’autant plus nécessaire qu’il peut
s’inscrire à contre-courant (du souhait ou du goût des habitants)
et ne permet pas toujours d’anticiper les résultats alors même qu’il
engage des investissements généralement importants. C’est le cas, par
exemple, dumusée Guggenheim à Bilbao retracé par Ariella Masboungi.