L’identité et le positionnement dans la société
L’enjeu d’identité est très important pour de nombreuses personnes. Se
joue à ce niveau leur personnalité mais aussi leur histoire, leur culture,
leur éducation ou encore leur religion.
• Mme B. : «
C’est important pour moi de savoir d’où je viens, qui sont
mes parents, ma famille, quelle est mon histoire.
»
• Mme R. : «
C’est important de savoir qui on est, d’avoir des principes,
des valeurs et de se battre pour les défendre
. »
L’identité peut renvoyer à quelque chose de complexe voire douloureux :
• Mme A. : «
Je déteste ce mot en raison des connotations actuelles.
»
(en référence aux différents attentats à travers le monde)
• Mme Mo. : «
Je suis Guadeloupéenne mais Française. Ça me fait des
problèmes de défendre la France.
»
• Mme Me. : «
Je suis de culture africaine, je suis obligée de me battre
pour avoir une place en tant qu’individu.
»
La question de l’identité les renvoie à leur liberté d’expression, de réalisa-
tion mais aussi à la manière dont elles sont comprises et acceptées pour
ce qu’elles sont.
À la question sur leur manière de percevoir le monde qui les entoure
et leur contribution à celui-ci, nous retrouvons chez les personnes une
forte tendance à être dans une posture de spectateur plutôt qu’acteur
du monde qui les entoure.
• Mme S. : «
Je suis toute petite, je suis qui moi après tout ? Je veux faire
avancer les choses mais enme déchargeant sur ceux qui ont le pouvoir.
Je n’ai pas ce qu’il faut entre les mains.
»
Globalement, leur positionnement dans la société les interroge. Elles
savent contribuer à la société au travers de leur rôle au sein de leur
famille, leur réseau (l’éducation de leurs enfants, le soutien qu’elles
apportent aux autres) ou encore de leur activité professionnelle et elles
en tirent une satisfaction. Toutefois, beaucoup souffrent d’un sentiment
d’inutilité et estiment ne pas avoir la capacité de changer les choses.
• Madame V. : «
Oui je contribue à la société, par mon travail d’abord. Je
suis fonctionnaire, je participe au fonctionnement du service public
et c’est important pour moi, j’aime cette idée. Je contribue aussi dans
ma manière d’élever mes enfants et de ce que je souhaite leur trans-
mettre.
»
• Mme K. : «
J’ai l’impression d’avoir aucune prise, c’est une catastrophe
! J’ai du mal à suivre.
»
Les personnes interviewées se saisissent de ce questionnement pour
se livrer sur leur histoire, leur parcours de vie. Elles semblent satisfaites,
voire soulagées d’avoir la possibilité de le faire car elles semblent en
avoir rarement la possibilité.
Les difficultés de maîtrise de la langue, ou la non-équivalence des
métiers, des diplômes pour les étrangers font obstacle à leur possibilité
de s’impliquer dans la société mais aussi plus largement de s’y insérer.
La complexité d’ouverture des droits, la domiciliation difficile à obtenir
participent du même type de frein.
Idée pour l’action départementale
Nous avons été surpris de voir à quel point la question de l’identité était
importante à leurs yeux. Comprendre ce qui fait leur contribution à la
société permet de les rassurer sur leur rôle dans la société, mais aussi de
trouver des pistes pour le retour à l’emploi.
Arriver à établir une discussion à ce niveau avec la personne permet
un travail d’encapacitation, c’est-à-dire qu’en jouant le rôle du miroir,
le travailleur social aide la personne à prendre conscience qu’elle a une
identité et une valeur, qu’elle peut donc contribuer à la société.
Santé et Care
La thématique santé a émergé très fréquemment au cours des entretiens.
Que ce soit en termes de problèmes de santé rencontrés par les personnes
ou de l’attention (care) qu’elles apportent aux autres, cette question du
soin au sens large a été très investie.
• Mme B. : «
Regardez, vous vous m’aidez alors que je suis étrangère
pour vous. Alors, comment je peux prétendre être aidée si moi j’aide
pas ceux qui me sont familiers.
»
• Mr H. : «
Mon problème de santé est un frein à ma liberté.
»
Les problèmes de santé rencontrés par les personnes sont avant tout un
frein à leur capacité de rebondir professionnellement ou tout simplement
de pouvoir s’émanciper.
Parfois, elles ne peuvent retrouver du travail à temps plein tant qu’elles
n’auront pas résolu leur problème de santé ou tant qu’elles doivent
s’occuper d’un membre de leur famille.
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