Cahier numéro 8 - page 8-9

Transformer les territoires
par les modes de vie ? Essai
de typologie et évolutions
Nathalie Cecutti-Etahiri
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À la croisée des chemins…
Concentration humaine, saturation des réseaux urbains et énergé-
tiques, artificialisation des sols hégémonique, atmosphères polluées,
habitats et écosystèmes dégradés, paysages dénaturés, rareté des
espaces publics et de rencontre… La liste incomplète ici dressée rend
compte du malaise de nos villes qui sont arrivées à leur trop-plein
d’attractivité ! Une attractivité qui a longtemps misé sur la profusion, le
surenchérissement des activités, fonctions, populations - traduites par
la densité, la quantité, le développement peu soutenable des espaces,
etc. - alors même que la ville historique a toujours su moduler sa crois-
sance en intégrant des lieux, des hommes et des éléments naturels
en harmonie avec le cadre urbain, proposant autant de « pleins » que
de « vides »
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, alternant intelligemment des édifices et des places,
associant pertinemment les corporations de métiers et les instances
de pouvoir, construisant l’art de vivre urbain par l’eau et la végétation.
Est-on à ce point « urbamnésique » que de vouloir régenter la ville par
la seule attractivité économique qu’on prétend lui reconnaître depuis
maintenant trois décennies ?
Le tableau n’est pourtant pas si noir car de nombreuses initiatives
collectives et institutionnelles tentent, depuis les années 2000, de
remédier aux actes d’édification massive des Trente Glorieuses qui ont
conduit à l’image d’une ville peu amène et dont le risque de refoulement
des populations est de plus en plus patent : les initiatives planificatrices
par les projets d’aménagement et de développement durable des Plans
locaux d’urbanisme - Loi SRU de 2001 -, la Trame verte et bleue, la
Ville durable et les Écoquartiers – du Grenelle de l’environnement -, la
résilience urbaine et la ville post-carbone mais aussi la coexistence de
nouvelles formes de gouvernance - nécessairement engagées dans la
Transition écologique - sont autant de politiques publiques produisant
des « effets réparateurs » en réinjectant du vivant, du social, du lien.
(1) Camillo Sitte,
L’art de bâtir les villes. L’urbanisme selon ses fondements
artistiques
, Vienne, 1889.
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