Previous Page  10-11 / 60 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 10-11 / 60 Next Page
Page Background

Inter-créativité

et coéducation,

le numérique au cœur

des nouveaux modes

d’apprentissage

Nils Aziosmanoff

8

9

Le début duXX

e

siècle futmarqué par une formidable poussée duprogrès

technique et scientifique, mis en scène lors de l’Exposition universelle

de 1900, qui allait profondément changer notre rapport aumonde. Avec

la photographie, qui grâce aux travaux des frères Lumière acquit un

immense succès populaire, on commençait à découvrir les villages les

plus reculés de nos campagnes. Plus d’un milliard de cartes postales

sont ainsi passées de main en main en France, entre 1914 et 1918.

On découvrait également les peuples et les cultures lointaines, grâce

aux milliers de clichés pris aux quatre coins de la planète pour enrichir

les Archives de la Planète d’Albert Kahn. Georges Méliès inventait le

cinéma, un nouveau langage dont Thomas Edison disait déjà qu’il serait

«

l’un des piliers de la culture humaine

». Après un siècle d’innovation

continue, les technosciences nous font passer de la deuxième révo-

lution industrielle à la révolution numérique qui bouleverse à nouveau

tout sur son passage.

Si Méliès était parmi nous, nul doute qu’il en serait l’un des fervents

instigateurs et inspirateurs. Peut-être même s’intéresserait-il aux

recherches menées depuis quelques années par une entreprise

innovante qui s’attache à mailler le réel et l’imaginaire d’une façon

surprenante. Elle produit un spectacle de music-hall avant-gardiste,

dont l’attraction principale est la jeune chanteuse Miku Hatsune. Cette

figure hors du commun s’est rapidement taillée un succès international,

remplissant le Théâtre du Châtelet à Paris ainsi que de nombreuses

salles prestigieuses aux États-Unis ou en Asie. Plus d’un million de

vidéos d’elle circulent sur Internet, ses chansons sont commercialisées

dans une trentaine de pays, et elle est l’héroïne de nombreux produits

dérivés : figurines, bandes dessinées, jeux vidéos, etc. Dans une société

du spectacle produisant en flux d’éphémères stars de variété, Miku

Hatsune reste une artiste hors du lot. Elle ne le doit pourtant pas à son

style musical plutôt convenu, qui s’inscrit dans les canons en cours de la

scène pop rock. Elle le doit à quelque chose de particulier que nul autre

ne possède, et cette particularité a nécessité de gros investissements

dans un programme de recherche en technologies de pointe. Miku

Hatsune n’est tout simplement pas humaine. Elle est une créature holo-

graphique, une apparition virtuelle en trois dimensions qui se produit

sur scène, comme une vraie chanteuse au sein d’un groupe de vrais

musiciens, et face à de vrais spectateurs. Parfaitement intégrée à la

mise en scène bien rodée du show, elle chante, danse et capte d’autant

plus la lumière qu’elle en est elle même une parfaite incarnation. Sa