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Le choix de la maille géographique est une question récurrente pour

tous ceux qui traitent des données localisées, qu’ils soient géographes,

sociologues ou économistes. Un découpage trop grossier (région ou

département) risque de masquer des phénomènes essentiels internes

aux espaces analysés. À l’inverse, un découpage trop fin (commune ou

canton) risque de fournir une représentation trop émiettée ou pointil-

liste, difficilement interprétable, et peut se heurter à des questions de

secret statistique ou de fiabilité, de robustesse et de significativité des

indicateurs.

L’échelle retenue par l’Insee est celle des territoires de vie, qui parti-

tionnent la France métropolitaine en 2 677 entités. Les territoires de

vie s’appuient sur le découpage de l’Insee en bassins de vie, qui sont

constitués d’unités urbaines entières et de communes environnantes, et

sont définis comme les plus petits territoires, organisés autour de pôles,

au sein desquels la population a accès aux équipements et services les

plus courants. Les territoires de vie découpent les bassins de vie de plus

de 50 000 habitants selon une démarche similaire, pour mieux rendre

compte de la diversité de la qualité de vie au sein des bassins les plus

urbanisés. Cependant, le maillage obtenu reste très hétérogène d’un

point de vue démographique : les territoires de vie ruraux les moins

peuplés comptent environ 2 000 habitants, répartis sur plusieurs com-

munes, tandis qu’en zone urbaine dense, les villes centres des grandes

agglomérations (Paris, Marseille, Lyon, etc.) et les communes de

banlieue les plus peuplées constituent à elles seules un territoire

de vie.

Les facteurs de différenciation des territoires

Le premier facteur de différenciation des territoires, selon les indicateurs

retenus, est d’ordre socio-économique. Les territoires qui accueillent

les populations les plus favorisées cumulent souvent des niveaux de

diplôme et des taux d’emploi élevés. Ils se situent principalement dans

les grandes métropoles ou à proximité. À l’inverse, d’autres territoires

concentrent des difficultés économiques et, par là, sociales : fort chômage

de longue durée, bas revenus, faibles niveaux de diplôme et une moins

bonne insertion professionnelle des jeunes. Ce sont souvent d’anciens

territoires industriels, mais aussi des zones urbanisées du sud de la

France et des zones rurales plutôt isolées.

Ces effets cumulatifs sont accentués ou atténués par l’accessibilité aux

services et aux équipements que facilitent la densité de population

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et les voies de communication. Cette grille de lecture mérite toutefois

d’être nuancée, car certains territoires ruraux, littoraux oumontagnards,

bénéficiant d’une économie touristique dynamique, offrent également

de nombreux emplois et services à leur population, se rapprochant ainsi

de certains territoires urbains.

Les territoires se différencient aussi assez nettement selon les

caractéristiques qualitatives de l’environnement et du cadre de vie,

qui opposent classiquement les espaces urbains et ruraux. Ainsi la

proximité des espaces naturels et les caractéristiques des logements

(fréquemment des maisons individuelles, de surcroît assez spacieuses)

concourent nettement à la qualité de vie dans les territoires ruraux,

par comparaison aux territoires urbains. Ces derniers subissent en

outre certains inconvénients de l’urbanisation tels que la pollution ou

la congestion, même si peu d’indicateurs sont disponibles à ce niveau

géographique pour mesurer ces dimensions.

Au-delà de ces différences de qualité de vie liées directement ou indi-

rectement au niveau de vie et à l’urbanisation, de nombreux aspects

sociétaux, en lien avec le mode de vie, différencient également les

territoires. Ainsi, dans certains d’entre eux, la cohésion sociale est

plus forte à travers une plus grande implication collective dans la vie

associative et citoyenne. Dans d’autres, la part des personnes âgées

vivant seules est assez élevée, cet isolement pouvant nuire à leur

qualité de vie. Et si les métropoles sont en général en position favo-

rable sur le plan économique, beaucoup souffrent d’inégalités sociales

importantes ou de situations difficiles (familles monoparentales,

suroccupation des logements, notamment). Enfin, la question de la

santé joue un rôle important dans la qualité de vie, à travers la surmor-

talité qui touche les habitants de certains territoires, notamment dans

le Nord de la France.

En définitive, la trentaine d’indicateurs de qualité de vie mobilisée par

l’Insee dessine une France assez morcelée, mais fait aussi apparaître

des continuités géographiques relativement nettes. Ce découpage

est original par rapport aux représentations habituelles des inégalités

territoriales, car il prend en compte des dimensions qualitatives, qui

concernent le cadre de vie et lemode de vie et vont au-delà des aspects

purement économiques. De façon schématique, une typologie statis-

tique permet d’identifier huit grands types de territoires combinant les

différentes dimensions observées.