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Voici

à titre d’inspiration

(chaque cas est unique), une autre répartition

possible :

Ainsi, plus vous montez dans la hiérarchie, plus la part de leadership

partagé devient importante. Dans les faits, on exerce plus facilement

un leadership partagé quand on est en bas de la pyramide. Une fois

arrivé en haut, il est naturel de croire qu’il faut en imposer pour se faire

respecter. Tout au long de sa carrière,

un leader fait donc de plus en plus

l’inverse de ce qu’il devrait faire

.

Dans un monde incertain, imprévisible, il y a donc un préjugé et une

réalité :

préjugé

: si je fonde une partie de ma légitimité sur le Chaos, je vais

perdre ma légitimité dans l’Ordre ;

réalité

: si vous ne fondez pas une partie de votre légitimité sur le

Chaos, vous allez perdre votre légitimité dans l’Ordre.

Finalement, on peut perdre sa légitimité managériale aussi bien dans

l’Ordre que dans le Chaos si on ne gère pas efficacement l’Ordre ET le

Chaos.

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Un changement de paradigme difficile

Malheureusement, certains managers continueront comme avant.

Comme nous l’avons vu dans le tableau ci-dessus, sur la durée de sa car-

rière, unmanager a passé environ dix ans comme

manager de proximité

.

Gérant peu de pages blanches, il était très efficace à 90%du temps. Des

habitudes de travail se sont ancrées grâce à 90 % de réussite. L’expé-

rience du succès a formaté l’esprit du manager dans le

Command and

Control

et sa capacité de réflexion individuelle supérieure.

Devenu

manager intermédiaire

, notre manager n’a plus que 50% d’effi-

cacité, mais on ne change pas les méthodes qui gagnent. Avant, il était

efficace à 90%. Sesméthodes ont donc fait leurs preuves. Pas question

de changer ! N’étant pas capable de distinguer compliqué et complexe,

son esprit a logiquement attribué cette perte de 40 % d’efficacité

(90%-50%) à la nature de ses nouvelles fonctions (pris entre deux feux,

le top management et les managers de proximité). Le fait que ses pairs

ne soient pas beaucoup plus efficaces que lui va le conforter dans le fait

que sa perte d’efficacité n’est pas liée à lui (son mode de management),

mais à son poste et à son nouvel environnement de travail.

Devenu

dirigeant

, notre manager n’a plus que 10 % d’efficacité, mais

encore une fois on ne change pas les méthodes qui ont gagné dans le

passé même si c’était il y a très longtemps ! Quand on est en haut de

la pyramide, il n’y a plus grand monde pour vous critiquer. La sanction

viendra des actionnaires au bout de quelques années sur le fondement

des chiffres et non sur celui d’un leadership inadapté à un monde com-

plexe. Cela n’incitera donc pas à une remise en cause du dirigeant qui

reproduira les mêmes comportements dans sa nouvelle entreprise. Peu

critiqué, mais peu efficace, notre dirigeant va, tout comme le manager

intermédiaire, rejeter la faute sur les autres : ses concurrents, ses

clients, ses fournisseurs, ses collaborateurs, ses employés… Son monde

est maintenant

un monde de bras cassés

, mais il est rassuré parce qu’il

voit que ses pairs ne sont pas beaucoup plus efficaces que lui. On peut

également faire un parallèle avec les dirigeants politiques de certains

pays qui perdent les élections quand ils sont au pouvoir et les gagnent

quand ils sont dans l’opposition.

Pour aggraver les choses, c’est à cet instant de sa carrière qu’un

dirigeant est potentiellement le moins ouvert au leadership partagé.

Comme nous l’avons dit, une fois arrivé en haut, il est naturel de croire

qu’il faut en imposer pour se faire respecter. Son autorité est entièrement

fondée sur la supériorité de son savoir et de son poste.

Capacité

de

réflexion individuelle

supérieure

Capacité

à générer une

réflexion collective

supérieure

Leadership

charismatique

Leadership

partagé

Dirigeants

10 %

90 %

Management

intermédiaire,

chefs de projet,

responsables

innovation

50 %

50 %

Managers

de proximité

90 %

10 %