Le fait d’avoir un espace tiers-lieu dédié aux personnes au RSA comme
dans le cas de l’espace de
coworking
« Mon premier bureau » à Paris ne
nous parait pas a priori la meilleure manière de décloisonner les publics.
Son impact vient plutôt qu’il s’adresse à des créateurs d’entreprise qui
n’ont pas les moyens de louer des bureaux à Paris et qui pourtant en on
besoin pour le lancement de leur activité. Il existe également des cafés
associatifs comme le Café culturel et solidaire de Montrouge où se ren-
contrent tout type de personnes qui méritent d’être plus systématique-
ment considérées commedes relais potentiels auxaidés. LeDépartement
pourrait également proposer dans nos futurs pôles territoriaux une
animation spéciale auprès de ces publics qui soit effectuée en partenariat
avec des associations voire même avec des bénéficiaires de nos aides.
L’idée est de renforcer les médiations sociales à des fins de création
d’activité professionnelle.
• Mme J. : «
Il faut essayer de faire un réseau de professionnels. On est
dans la société du partage, alors soyons-le ! Mettre en commun des
savoirs, des compétences, accompagner, il va falloir aller vers ça. Il
faut nous impliquer, nous solliciter car on s’isole. Mettre des endroits
à disponibilité. On doit trouver d’autres façons de travailler
.»
Le développement de la pratique du contrat, l’accroissement de la charge
de travail, notamment des tâches administratives, conduisent consciem-
ment ou non les travailleurs sociaux à se centrer quasi exclusivement
sur le problème à résoudre : la dette de loyer, le problème de santé, la
recherche d’hébergement, l’ouverture de droits, etc. Même si en grande
majorité les travailleurs sociaux accordent une attention particulière et
bienveillante à la personne, son histoire, son parcours, ils ont tendance
à ne la voir que sous l’angle de sa difficulté à résoudre et à en oublier
qui elle est plus globalement. Il est donc important que
la gestion des
différentes temporalités dans les tâches du travailleur social
soit prise en
compte. La questionest donc de savoir comment articuler des rendez-vous
courts qui se focalisent sur le règlement d’un problème spécifique avec
des rendez-vous longs qui permettent de revenir à des éléments de
diagnostic plus fins ou à un travail d’autonomisation. En d’autres termes,
comment remettrede l’attentiondans le serviceà l’usager ?
Celapasserait
par le fait de creuser les concepts, d’innover par des grilles et techniques
d’entretien, de mener une veille des nouvelles initiatives locales dans les
domaines qui peuvent élargir la palette de recommandations à l’usage
(économie collaborative et autres), de varier les temps d’entretien entre
des entretiens ciblés et d’autres plus en profondeur, etc. Il en ressort que
le travail à faire sur la confiance en soi et la revalorisation des personnes
prend autant de place que leur demande explicite.
Dans ce contexte, nous pouvons anticiper un certain nombre de réponses
politiques que le Département devra apporter.
La première est certainement le fait d’écouter en profondeur
les évo-
lutions de la société
, les besoins des Alto-Séquanais. Ceci nécessite
de comprendre et d’analyser voire même d’anticiper ces évolutions.
L’attentionmise dans le service à l’usager doit s’appuyer sur des données
précises.
• Mme J. : «
Je fus agréablement surprise d’être sollicitée. Il est rare que
des discussions, des réflexions soient menées en concertation avec
les “vrais” intéressés. Pas des syndicats ou institutions s’exprimant
pour tous. C’est une excellente initiative.
»
La deuxième est de
progresser collectivement dans l’organisation et le
management des EDA
S en lien avec le territoire. C’est d’ailleurs le sens
et l’objectif du pôle Solidarités qui a fait le choix d’articuler tout à la fois
les dimensions humaine, spatiale et numérique de la réorganisation de
ses services.
La troisième concerne
l’usage du numérique
qui devient un outil incon-
tournable des démarches administratives, de la recherche d’un emploi,
de tissage de nouveaux réseaux sociaux, etc. Une part importante de
la population n’est pas à l’aise avec cette culture, parce qu’elle a besoin
d’être accompagnée, mais aussi parce qu’elle ne maîtrise pas toujours
assez bien ce nouveau langage. Ces limites sont présentes à travers
tous les âges, mais touchent encore plus les personnes en situation
de précarité, les jeunes et les vieux. Les travailleurs sociaux dans leur
interaction avec les usagers ont un rôle important à jouer et peuvent
renforcer leur aide et accompagnement du public pour le rendre plus
autonome et compétent sur ces sujets. Une telle démarche pourrait
transformer en profondeur le rôle du travailleur social.
• Mme Mo. : «
Oui ça j’aimerais bien qu’on m’aide à utiliser l’ordinateur,
Internet. Ça me rendrait plus autonome, je pourrais faire par moi-même
après.
»
• Mme Me. : «
J’aimerais qu’on m’aide pour aller sur Internet, que je
puisse être indépendante, faire des choses, rechercher.
»
La quatrième dimension est celle
des personnes de plus de 40 ans
qui
du fait du vieillissement de la population et du contexte budgétaire de
la France auront probablement à travailler plus longtemps.
• Mme Me. : «
Me former, c’est vraiment ce que je veux, je pense que ça
va me rendre plus heureuse. Si j’arrive à faire ma formation, ce sera
quelque part de l’autonomie pour moi parce que je vais savoir plus de
70
71