plantés d’hélophytes, représentent des habitats extrêmement riches
pour certains insectes comme les libellules et pour la reproduction des
poissons. Ces espaces peuvent avoir un fonctionnement naturel très
performant tout en étant également un facteur d’agrément visuel pour
les promeneurs.
Dans les nouveaux espaces de berges, toutes les circulations piétonnes
et les aménagements liés aux habitations fluviales ont été repensés.
Les bateaux ont été éloignés du pied de berge grâce à des pieux d’amar-
rage solides et des passerelles ont été conçues spécialement pour ne
pas empiéter sur les promenades quel que soit le niveau du fleuve. Elles
ne sont pas fixées aux bateaux, constituant ainsi un équipement public
inédit. Ces passerelles adaptées, reposant sur des flotteurs, font le
lien entre les bateaux et la promenade mais elles marquent également
la limite entre les espaces publics ouverts à tous et l’accès privé aux
habitations fluviales.
D’autres équipements collectifs ont été placés de façon à organiser
la collecte des ordures ou la distribution du courrier avec des lieux
regroupés et partagés par les habitants fluviaux. Ces équipements
regroupés ne sont pas tous complètement acceptés à ce jour et on voit,
par exemple, fleurir de nombreuses boîtes aux lettres « pirates » que les
usagers souhaiteraient avoir devant leur porte mais dont les lieux d’im-
plantation ne sont pas adaptés aux bonnes conditions de distribution
du courrier et même, parfois, constituent des adresses fictives illégales.
De même, les encombrants déposés sur les berges ont refait leur appa-
rition, en l’absence de gestionnaires de ces nouveaux espaces publics.
La fréquentation des promeneurs, pourtant bien réelle, ne suffit pas
toujours à dissuader les auteurs d’incivilités. Les vélos, scooters et
motos, appartenant aux habitants fluviaux, sont parfois stationnés sur
la promenade piétonne par commodité.
On note cependant des phénomènes d’appropriation positifs notam-
ment à travers des initiatives individuelles de fleurissement et de plan-
tations d’ornement réalisées par les habitants fluviaux aux abords des
passerelles menant à leur bateau.
Une anecdote qui traduit le changement
Une nuit, un habitant fluvial a appelé la brigade anti-criminalité pour
signaler un campement illégal installé sur la berge. Après vérification, il
s’agissait de pêcheurs à la carpe. Cette pêche nocturne est parfaitement
autorisée sur l’ensemble des berges du Département. Cet usage était
pourtant complètement inconnu des riverains car il avait été rendu
impossible par la privatisation des lieux avant l’aménagement.
Finalement, a-t-on rendu la Seine aux habitants
à travers cet aménagement ?
Dès les beaux jours, nous avons pu constater la présence de nombreux
promeneurs. Que cela soient des joggeurs du quartier, les employés
de bureaux travaillant dans les immeubles récents du secteur ou les
familles avec poussettes en promenade le week-end, les aménage-
ments ont remporté un vif succès. Au fil des heures de la journée ou
selon le jour de la semaine, le type de fréquentation varie mais les
berges restent accessibles et attractives pour tous. Pour l’instant, nous
ne constatons pas de phénomène d’exclusion d’un usage au profit d’un
autre. La variété des revêtements de sol utilisés permet une certaine
séparation des utilisateurs. Les vélos, patinettes ou personnes pressées
en déplacement de transit, empruntent les zones revêtues en béton
ou en stabilisé. Les circulations sur platelages en bois, au plus près de
l’eau, sont plus propices à la promenade ou à la contemplation. Il a été
relevé qu’elles sont peu adaptées aux escarpins mais ce côté rustique
est assumé et finalement bien compris en dehors de l’accès à certains
établissements recevant du public.
Et demain ?
La question se pose de la reprise en gestion de ces espaces de partage
créés. En effet, aucune communauté identifiée ne peut se porter res-
ponsable de ces lieux aux usages si diversifiés et où les intérêts privés
des habitants fluviaux restent parfois concurrents des autres usages.
L’entretien de zones potentiellement inondées chaque année et de
zones semiaquatiques nécessite la mise en œuvre de moyens parti-
culiers. La gestion des réseaux et équipements liés à l’habitat fluvial
mais occupant le domaine public est également très particulière. À ce
jour, l’ancien gestionnaire du domaine public fluvial (Voies Navigables
de France) n’a pas encore établi la délimitation du nouveau domaine et
la contractualisation avec la collectivité ayant accepté d’en reprendre la
gestion n’a pas pu être achevée.
Cet aménagement inédit, par son ampleur, sa complexité et son ambi-
tion, doit maintenant démontrer ses qualités à l’épreuve des usages et
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