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Le droit à l’erreur,
une autre façon de lire les
différences culturelles
Clair Michalon
Il est toujours réconfortant de constater qu’une collectivité locale,
un conseil général en l’occurrence, prend le taureau par les cornes et
décide de s’intéresser à la question du comportement des hommes. En
fait ce sont les nomades, les premiers, qui ont attiré mon attention sur
cette question. L’un d’entre eux, en Algérie, m’a dit un jour : « Tu nous
dis toujours comment faire mieux, mais tu ne nous demandes jamais
pourquoi nous faisons comme cela ! » Plus tard, en Afrique centrale, je
me suis aperçu que mes interlocuteurs me faisaient la même remarque.
Cela attire notre attention sur une question centrale : la raison du
comportement des hommes. Voilà en effet une autre façon d’aborder
la question culturelle : pourquoi adopter tel ou tel comportement ?
C’est d’autant plus important qu’aujourd’hui la question de la cause
semble avoir disparu des préoccupations de beaucoup de responsables.
L’évolution est visible jusque dans la langue française. À l’origine notre
langue comportait une locution qui décrivait une démarche : « Quand
survient un problème il convient d’en tirer les conclusions, ou les ensei-
gnements. »Depuisquelques annéesnos«élites», touspartis confondus,
et nous y ajoutons les journalistes, ont modifié cette locution qui est
devenue : «Quand survient un problème, il convient d’en tirer toutes les
conséquences. »