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avons créé ce que nous appelons un « récit fondateur et fédérateur ».

Un récit qui vise à incarner la thématique et en donner le sentiment,

celui de la plage à Paris. Un récit qui permettra un usage piéton des

voies sur berges et qui donnera du sens à la création d’un espace

libre et gratuit à la disposition des personnes qui ne partent pas en

vacances, et ce, au cœur même de la capitale. Un récit comme une

rupture d’usage, un temps de

vacances

retrouvé en lieu et place d’une

autoroute urbaine.

Il s’agissait donc, comme on le ferait au théâtre, d’écrire l’histoire de ce

temps retrouvé et de l’inscrire dans la topographie du lieu. De la sortie

du tunnel des Tuileries au virage du pont de Sully, de l’aube à la tombée

du jour, en remontant le cours du fleuve et en suivant la course du soleil,

l’usager-vacancier traverse une journée de vacances projetées, imaginées,

rêvées. Un temps dilaté qui s’écoule et que l’on vole à la ville.

Tous les opérateurs et acteurs de Paris Plages (les différents services

de la ville de Paris, les prestataires techniques, les responsables

d’animation et de la programmation sportive et culturelle, les respon-

sables politiques et les usagers) se sont fédérés autour de ce récit, de

ses éléments scénographiques et de leurs agencements sur les quais.

Paris Plages est devenu une « manifestation » qui permet une

appropriation piétonne et ludique des voies sur berges. En seize ans,

l’événement a modifié le statut des quais de Seine à Paris et a introduit

dans la pensée urbaine des notions inédites :

- la réversibilité des espaces publics ;

- la thématisation des espaces pour un temps donné ;

- la possibilité d’espaces calendaires pré-équipés et programmables.

Paris Plages n’est donc pas une plage au sens strict mais bien un nouvel

usage commun de l’espace public.

Deuxième mouvement : Forme Publique ou la

création d’un protocole d’analyse, de définition et

d’appropriation d’un espace urbain aux usages forts

La demande politique de Defacto, établissement public de gestion de La

Défense, et de son président, portait sur les enjeux d’un espace public,

sa définition, sa localisation, sa gestion, son identité et son traitement

en termes d’aménagement. Nous avons choisi d’aller au-delà de la

question du choix des mobiliers en proposant à Defacto de créer un

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événement qui puisse interroger le territoire et ses usages autour de

ces enjeux d’espace public.

Créer pour les usagers les conditions de questionnements comme :

à partir de quand je me considère dans un espace public ?

Il s’agissait d’imaginer une nouvelle forme d’intervention urbaine qui

soit à la fois une expérimentation et un dialogue avec les usagers. Notre

objectif principal était de chercher les différents moyens de rendre

l’espace urbain de la dalle de La Défense à l’usage commun. Pour cela, il

nous a fallu prendre connaissance de ce territoire en profondeur, l’arpenter

comme des géographes et en déceler toutes ses intrigues.

Le site public de La Défense représente un défi majeur en matière de

définition, d’usage et d’aménagement. L’étendue de la dalle, la forte

représentativité de l’activité « travail », les flux importants, la présence

historique de grands opérateurs privés créent des enjeux complexes

dans l’espace public. Des enjeux entre public et privé, public et

commercial, entre obligation de performance et nécessité de rupture

de rythme, entre représentation économique et représentation intime,

entre efficacité et confort, entre comportement fuyant et propreté,

entre anonymat et besoin d’appropriation… Toutes ces données font de

la dalle de La Défense un terrain propice à la création et à l’innovation.

Cette multiplicité des besoins excluait d’emblée l’élaboration d’un récit

univoque. Il nous a donc fallu penser un récit susceptible de s’inscrire

dans le temps, d’être modifié par l’expérimentation, et de laisser des

traces qui sculpteront, année après année, par sédimentation, un espace

public mouvant mais à l’identité forte.

Le récit

est devenu un protocole dont le but est de concevoir un cadre à

la créationet à l’innovationenmatièredemobilier urbainet dequestionner

les enjeux du territoire de façon permanente.

Avec la biennale internationale de création du mobilier urbain, nous

avons proposé à Defacto d’initier une réflexion et une expérimentation

urbaines innovantes à l’échelle internationale, demiliter pour une exem-

plarité des espaces publics et de générer unmobilier urbain dont l’usage

et la fonction deviennent un véritable enjeu esthétique.

Le

récit

des trois premières éditions de Forme Publique

Forme Publique n’est pas un espace de démonstration mais un espace

d’expérimentation de mobiliers et/ou installations urbain(e)s qui