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cherchent à questionner un territoire et ses usages, sa topographie, son
histoire et ses projections. La démarche créative ne s’exprime donc pas
uniquement dans un objet dessiné, mais elle réside également dans sa
capacité à s’inscrire dans un territoire avec le souci constant de sa
relation à l’usage. Afin de répondre à ces exigences,
Forme Publique
a mis en place un protocole issu d’une démarche d’observations et
d’analyses ergonomiques visant à définir les thématiques et les usages
à traiter lors de chaque biennale.
Si la première édition avait principalement mis en jeu le rapport de l’espace
public de La Défense à l’activité « travail » en favorisant l’idée de rupture,
la deuxième édition a été la marque d’une inscription plus forte dans la
topographie de la dalle. C’est comme si Forme Publique entrait plus
profondément dans le cœur du sujet, dans les détails, en tissant des
liens entre les différents usages, qu’ils soient ciblés ou partagés.
FormePubliqueestégalemententréedanslacomplexitédelalocalisation :
elle a flirté avec les pieds des tours, elle a ouvert des transversales entre
les axes de flux principaux et les zones d’habitation, elle a épousé les
dénivelés et les décaissés, est
descendue
dans les quartiers, a soulevé
les dalles, mesuré les murets et compté les bancs.
Forme Publique a cherché à s’inscrire dans la topographie complexe de la
dalle, à prendre en compte les partages d’usages, leurs spatialisations et
leurs temporalités.
La manifestation
est désormais une action inscrite
dans de l’hyper-local. Cette posture créative travaille à l’amélioration
du confort des usagers de La Défense et à la prise en compte de leur
diversité.
L’enjeu de cette troisième édition est d’inscrire Forme Publique dans un
système qui s’organise en réseaux et en interconnexions plus denses,
dotés d’objectifs communs. Un système global dans lequel l’usager
devient un acteur de l’espace public à part entière.
L’objectif est d’accompagner chaque usager dans ses besoins tout en lui
conférant le sentiment d’appartenance à un territoire.
Le territoire ne se pense plus ici comme un périmètre géographique clos,
mais bien comme un nœud dans un système de relations organisées en
réseaux.
Récit et expérimentation
De Paris Plages à Forme Publique, l’enjeu de la scénographie urbaine
est donc
de créer par le récit les conditions d’un espace urbain en
mouvement
et de
faire territoire par l’expérimentation
.
Nous créons des récits qui naissent du territoire et qui intègrent ses sens,
ses temporalités, ses usagers, ses topographies et ses frottements.
À partir des études d’usages, des volontés politiques de transformation,
des acteurs multiples, il s’agit d’analyser le territoire, de le sonder
jusqu’à en déceler les potentiels et les manques afin d’imaginer des
actions de valorisation et de questionnement, et enfin solliciter des
formes « créatives » d’aménagement.
Par le récit et ses intrigues, le territoire devient un nouveau mode de
relation à la ville.
Valérie Thomas
Metteur en scène,
directrice artistique de Forme Publique
Jean-Christophe Choblet
Scénographe,
fondateur de Nez Haut