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beaucoup plus locale (une ville, un quartier, etc.), des biens matériels

comme des biens immatériels.

La

consommation collaborative

est un concept émergent qui recouvre

à la fois des initiatives qui sont ou souhaitent être des alternatives à

l’économie de marché et d’autres qui relèvent de l’économie de marché

traditionnelle.L’échangepeutsefairedirectemententreparticuliersoupar

un intermédiaire, monétisé ou non, avec plus ou moins de collaboration et

donc de liens ainsi créés. D’où la critique qui est généralement adressée

à ce type d’économie. Entretient-elle un système traditionnel, en le

rénovant, ou bien constitue-t-elle une réelle alternative à l’économie

de marché ?

Si le concept est flou, c’est aussi parce que la consommation collaborative

cohabite avec un ensemble de concepts plus ou moins proches comme

l’économie collaborative qui comprend la consommation collaborative, la

production contributive, le financement participatif et les styles de vie

collaboratifs, l’économie du partage, l’économie circulaire et les circuits

courts, l’économie de la fonctionnalité.

Par exemple, dans le cas des AMAP (Association pour le maintien de

l’agriculture paysanne), les rencontres, les relations entre producteurs

et consommateurs sont favorisées. Les consommateurs s’engagent à

soutenir les producteurs à l’année (financièrement, mais aussi en allant

aider à récolter ou à distribuer les biens). D’autres circuits courts, comme

la Ruche qui dit oui, n’impliquent pas cette forme d’engagement vis-à-vis

des producteurs. Chacun s’inscrit à une Ruche, peut réserver en ligne

son panier de légumes ou de fruits, et se rend sur le lieu de vente pour

retirer sa commande. Ce qui diffère avec le magasin classique, c’est que

celui-ci n’est pas ouvert en permanence.

Il en va demême pour l’économie de la fonctionnalité. Certains exemples

comme la vente ou la location d’un objet ou d’un service ne peuvent être

considérés comme collaboratif. Si nous prenons l’exemple des Vélib’, ce

service est organisé par une entreprise qui, s’il permet un usage partagé,

ne prône pas l’horizontalité dans les échanges.

La question se pose aussi pour les entreprises comme Covoiturage qui en

devenant BlaBlaCar a grandi en taille, s’est développée, prend à présent

des commissions et finance ses investissements sur sa plateforme

numérique grâce à ses nouveaux actionnaires. Pour certains, BlaBlaCar a

rejoint à présent l’économie demarché traditionnelle. Demême, d’autres

demandent à ce que les activités de Airbnb soient taxées ainsi que Uber,

et ne fassent pas exception sous prétexte que ce sont des entreprises

dites de l’économie collaborative. Les activités de

crowdfunding

viennent

d’être réglementées en France.

L’économie collaborative est à la croisée des chemins, parfois basée

sur le partage, parfois favorisant la consommation locale, se parant

souvent de vertus écologiques. Mais elle inclut aussi d’autres pratiques

d’échanges entre pairs qui ne relèvent pas de ces modèles. Airbnb, par

exemple, ne permet pas de limiter le gaspillage, elle a plutôt tendance

à encourager, faciliter les déplacements. De même certaines personnes

font plusieurs kilomètres pour aller chercher un bien d’occasion qu’elles

ont acheté sur Leboncoin sans se poser la question de l’impact carbone

de leur achat.

Dès 2000, dans son livre

L’âge de l’accès

, Jeremy Rifkin avait annoncé

la disparition de la notion de

propriété

d’ici 2025, au bénéfice de l’

accès

.

Cette dimension d’accès plutôt que de possession est très visible chez

les jeunes générations. Elle s’explique par le fait que les jeunes sont

parmi les premiers touchés (avec les personnes âgées) par la précarité.

Le succès de BlaBlaCar montre que cet usage dépasse bien largement

la dimension générationnelle. L’entreprise est passée de 3 millions de

membres en 2013 à 25millions demembres fin 2015. Frédéric Mazella,

directeur général et cofondateur de BlaBlaCar, explique qu’à 96 % du

temps, les véhicules sont garés et ne sont utilisés que 2,7 % du temps

en moyenne. En outre, les conducteurs sont seuls dans la voiture les

trois quarts du temps. Il y a donc aussi un élément en faveur de l’envi-

ronnement qui joue. Demême, si l’objectif premier est d’avoir accès à un

bien ou à un service àmoindre coût, il est également complété par le fait

de se faire plaisir et de participer à un réseau social où l’on rencontre des

gens avec qui on se sent bien.

Les différentes pratiques de la consommation collaborative

Sept types de pratiques sont généralement identifiés en matière de

consommation collaborative.

La première catégorie est

l’achat/vente de biens neufs entre particuliers

.

L’étude réalisée par l’IPSOS en 2013

9

, met en évidence que 23 % des

Français pratiquent les achats groupés. Il s’agit en grande majorité de

femmes de 24 à 45 ans qui résident en zone urbaine.

18

19

(9) IPSOS,

Les Français et les pratiques collaboratives – Qui fait quoi ? Et pourquoi ?

,

2013