monde et ses artistes d'avant-garde pour les produire à Nantes dans des
salles de spectaclemais aussi des friches industrielles, des lieux inédits,
des appartements privés. L'image de la ville commence à se retourner.
Cette cité provinciale endormie est en train de se réveiller avec énergie.
Les médias nationaux s'intéressent à la boulimie de culture dont font
preuve les Nantais.
En même temps que les Allumées, d'autres signes d'audace dessinent
une logique : les Toulousains de Royal de Luxe, mal-aimés dans leur ville
décident de s'installer à Nantes. RenéMartin crée La Folle Journée
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dont
la renommée va dépasser le périmètre de l'Hexagone. De nouveaux
lieux atypiques naissent comme le Lieu Unique, scène nationale, réalisée
par Patrick Bouchain
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dans l'ancienne fabrique de biscuits ou la scène
de musiques actuelles Stereolux sur l'île de Nantes. Mais jusque-là,
ces initiatives veulent avant tout satisfaire les habitants et, bien
évidemment, donner de Nantes l'image d'une ville ouverte, audacieuse
et accueillante, propice à une qualité de vie « remarquable ».
Ce n'est qu'en 2007, avec la création de la biennale d'art contemporain
Estuaire, la création des Machines, transfuges de Royal de Luxe, la réou-
verture du château des ducs de Bretagne en grandmusée d'histoire que
l'offre culturelle commence à générer un tourisme culturel nouveau.
Un dispositif culturel suffisamment riche pour
remplacer le bâtiment iconique que Nantes ne
possède pas.
La politique culturelle menée durant près de trente ans, sans rupture,
a généré la création d'un dispositif culturel complet et de très grande qua-
lité dont chacun des éléments participe d'une dynamique d'ensemble,
notamment au moment du Voyage à Nantes-événement.
Ce parcours, passant par de multiples lieux culturels - le Lieu Unique, le
château-musée d'histoire, la cathédrale, l'opéra, le muséum d'histoire
naturelle, la Fabrik - scène de musiques actuelles, Les Machines, la Hab
galerie, Le Temple du Goût, l'Atelier, le Passage Sainte-Croix (tous ces
lieux étant ouverts tous les jours de juillet et août, de 10h à 19h) - et par
des installations d'artistes, de designers, d'architectes, de graphistes,
dans l'espace public, est matérialisé par une ligne verte tracée au sol, en
boucle, d'une longueur de 12 kilomètres.
Les installations dans l'espace public sont éphémères ou pérennes.
Progressivement, lesœuvres pérennes, additionnées aux sites culturels
ouverts toute l'année créent un parcours permanent qui est devenu
l'offre de la destination-Nantes
.
Cette offre doit créer, en partie, l'attractivité de la ville pour les
entreprises cherchant un atterrissage et pour les touristes durant les
vacances scolaires.
En quatre éditions Le Voyage à Nantes
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a fait progresser le nombre de
nuitées de près de cinquante pour cent en juillet et en août alors qu’en
2010 l'été était la période la plus basse pour l'hébergement marchand.
Aujourd'hui, juillet et août, après juin, bénéficiant à la fois d'un fort
tourisme d'affaires et d'un début de tourisme d'agrément, sont les
meilleurs mois de l'année. Les retombées économiques ont été éva-
luées pour les mois de juillet et août 2015 à près de 50 millions d'euros
pour 650 000 visiteurs. Au cours de l'année 2015 Le Voyage à Nantes
(VAN) a fait appel à près de 1 170 entreprises régionales pour un chiffre
d’affaires de 11,7 millions d'euros.
Des partenariats public-privé générés
par le VAN-évènement
Une partie des installations pérennes, dans l'espace public, est financée
par des entreprises privées de BTP, des promoteurs immobiliers sensibles
à « la forme » de la ville dont le développement passe par son attracti-
vité. Les commerces eux-mêmes sont invités à accueillir des enseignes
créées par des artistes. La ville se met au diapason de l'art. La créativité
devient sa marque de fabrique.
Les services de la ville, espaces verts, bâti, transports publics, commencent
à nous associer aux grands projets d'aménagement et eux-mêmes
tentent d'introduire dans leurs réalisations des marques de créativité
et de singularité.
La société publique locale en charge de l'aménagement de l'île de
Nantes, Quartier de la création, a pris le risque de nous proposer qu'un
artiste de notre choix crée la scénographie du boulevard Léon-Bureau
réaménagé dans l'objectif d'apaiser la circulation dans cet espace
devenu, grâce aux Machines, le plus fréquenté de Nantes.
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(1)
http://www.follejournee.fr/fr/page/le-directeur-artistique(2)
http://strabic.fr/Patrick-Bouchain(3)
http://www.levoyageanantes.fr