Cahier numéro 9 - page 32-33

d’emplois ou apportant des réponses à des problématiques liées à la
pauvreté.
La co-création et ses opportunités
pour le social, le privé et le public
Vers un nouveau mode organisationnel ?
L’entrepreneuriat social était un concept nouveau il y a trente ans (bien
que le phénomène soit ancien, même si peu répandu, avec l’empereur
indien Ashoka, né quelque 300 ans av. J.-C., ou encore Maria Montessori
au XIX
e
siècle), et il a fallu identifier les exemples à fort potentiel pour
leur donner de la visibilité auprès du grand public et des organismes/
individus influents (grandes fondations, personnalités, monde univer-
sitaire, etc.), afin que le secteur se structure et que tout un écosystème
de soutien se crée. Aujourd’hui, le potentiel du secteur reste important,
mais la reconnaissance et l’impact sont réels.
De la même manière, il est important aujourd’hui de donner de la visibi-
lité à cette nouvelle tendance qu’est la co-création, et à ses profondes
implications pour la société, pour les organisations sociales et pour les
mique et sociale. Entre 60 et 80 % des bénéficiaires de Cresus arrivent
à surmonter de manière durable leur surendettement. Sur le plan
économique, les institutions concernées améliorent le taux de rem-
boursement de leurs crédits, en évitant des pratiques de recouvrement
agressives, et peuvent donc s’engager sur la durée. Les enjeux globaux
sont également de taille : en 2010 le surendettement représentait
195 millions d’euros de frais pour l’État et 6 milliards d’encours en péril.
Cresus a milité également pendant des années pour la création d’un
fichier national des crédits ;
- pour insuffler une dynamique nouvelle dans les quartiers populaires
les plus pauvres, Anne Charpy, à la tête de la jeune organisation
« Voisins Malins », fait émerger un réseau d’habitants leaders positifs.
Allant à la rencontre des habitants chez eux, ces « voisins malins »
recréent du lien social, mobilisent les gens dans la vie locale et les
reconnectent avec les grandes entreprises de services et les institu-
tions qui sont coupées des franges les plus fragiles de la population,
lesquelles n’ont souvent pas accès aux services, méconnaissent leurs
droits et souffrent d’un sentiment d’abandon. C’est grâce à des parte-
nariats montés avec des entreprises et des collectivités locales, que
Voisins Malins apporte aux habitants des informations utiles à leur vie
quotidienne, recueille leurs besoins et permet à ses partenaires d’adapter
leurs pratiques et offres.
Les exemples des pionniers de la co-création, qui ont mis en place des
partenariats gagnant-gagnant entre des entreprises sociales, des
entreprises classiques et des pouvoirs publics, sont importants à com-
prendre et analyser pour permettre la duplication de ces modèles dans
d’autres pays ou d’autres secteurs. Dans le contexte européen, le rôle
des pouvoirs publics est essentiel à deux niveaux. Au niveau national,
pour mettre en place un cadre fiscal et légal favorable aux modèles de
co-création et plus généralement d’entrepreneuriat social ou de busi-
ness inclusif, et pour identifier les modèles innovants d’entrepreneurs
sociaux pouvant être intégrés au secteur public. Une étude menée par
Ashoka, avec le soutien de McKinsey, a analysé les gains économiques,
actuels et potentiels, d’une dizaine d’entrepreneurs sociaux français,
tels que Siel Bleu qui prévient la dépendance des seniors/handicapés
par une activité physique adaptée. Si le « système » Siel Bleu était
généralisé à l’ensemble des Français, le potentiel économique serait
important, a estimé l’étude Ashoka/McKinsey. Sur deux pathologies
seulement – les chutes et le diabète de type II –, les économies attein-
draient 15 milliards d’euros sur 3 ans. D’autre part, au niveau des
territoires, des incitations pourraient être mises en place pour attirer
l’expérimentation et la duplication de modèles innovants, créateurs
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ENTREPRENEURS
SOCIAUX
Démultiplication
de leur impact
social
à grande
échelle en mettant
à profit les « actifs »
de la grande
entreprise
Création de
nouveaux revenus
pour les projets
sociaux
Accès à de
nouvelles
compétences
ENTREPRISES
De
nouveauxmarchés
incluant les populations
vulnérables
Un
laboratoire
d’innovation
de rupture
sur le cœur de métier
Un
positionnement
RSE
et une empreinte
sociale renforcés
Un
vecteur
de motivation
des collaborateurs
en quête de sens
POUVOIRS
PUBLICS
Retour sur
investissement
des programmes sociaux
Impact sur les
finances publiques
Renforcement
de l’«
économie
positive
»
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