La démarche pragmatique de Bluelinea, adhérent
du CNR Santé-Autonomie
Au départ, rien ne prédestinait la société Bluelinea à s’occuper des
défis liés au vieillissement de la population. Cette entreprise a été
fondée en 2006 avec l’objectif initial de faciliter l’appropriation des
nouvelles technologies par les soignants. En tant que dirigeant du prin-
cipal éditeur français de systèmes d’information cliniques hospitaliers,
j’avais constaté le besoin d’une plus grande ergonomie des solutions
proposées afin de les rendre plus conviviales et attractives pour les
personnels médicaux.
C’est à la suite de l’enlèvement de deux bébés à la maternité de
Montfermeil qu’est né le bracelet RFID (Radio-fréquence) BlueTag,
fixé à la cheville d’un nourrisson, qui prévient non seulement le rapt,
mais également l’échange, et qui équipe, aujourd’hui, une trentaine de
maternités en France. Or, un bébé est un être vulnérable, tout comme
une personne âgée…
Aussi, très rapidement, avons-nous été sollicités pour mettre au point un
dispositif de localisation desmalades atteints de lamaladie d’Alzheimer.
Afin de prévenir les aidants en cas d’errance de leur proche, nous avons
été logiquement conduits à compléter l’offre BlueGard par un service
de téléassistance 24/7 à partir de notre propre centre d’appels dédié.
En nous intéressant au contexte du domicile des patients fragiles, nous
nous sommes alors aperçus de l’absence de coordination des différents
intervenants – aides-soignants, infirmières, livreurs d’oxygène, porteurs
de repas, kinésithérapeutes… - et avons eu l’idée demettre enœuvre un
cahier de correspondanceélectronique. Celui-ci, situéaudomicile, est basé,
nonpas sur une tablettequi nécessiteune formationdes utilisateurs, mais
sur un stylo électronique BluePen qui permet d’envoyer des annotations
manuscrites en pdf vers une plateforme de suivi, consultable à distance,
sachant que tout le monde sait
a priori
se servir d’un stylo et faire des
croix sur un formulaire papier.
Ayant ainsi relié le domicile à une plateforme, il était évident de mettre
à profit ce lien et lui adjoindre des objets connectés assurant une
fonction de « sentinelle » destinée à avertir l’intervenant pertinent
d’un problème potentiel. L’offre BlueHomeCare s’est ainsi enrichie, au-
delà du bracelet de géolocalisation, et comprend aujourd’hui la balance
Withings pour la prévention de la dénutrition, le tensiomètre de lamême
marque pour le suivi du rythme cardiaque, un bracelet de détection
de chute, et un thermomètre de mesure de la température en continu.
D’autres dispositifs, tels que le glucomètre ou le pilulier sécurisé pour
l’observance médicamenteuse seront prochainement proposés pour un
véritable service « à la carte » de télésuivi en temps réel.
Enfin, l’association du savoir-faire de la société, d’une part, en terme de
téléassistance et, de l’autre, en matière d’appel infirmière, adossée à
son expérience dans le domaine des plateformes de suivi, a débouché
sur le concept novateur d’« EHPAD à Domicile ». Celui-ci permet aux
EHPAD de rayonner dans une proximité géographique en fournissant
aux patients, à leur domicile, des services et des soins de qualité com-
parables à ceux dont ils bénéficieraient en établissement. L’avantage de
cette solution est triple : les patients peuvent ainsi demeurer chez eux,
ce qu’ils souhaitent à une écrasante majorité, le coût des prestations
devient plus abordable et les investissements, notamment immobiliers,
des EHPAD sont maîtrisés.
Cette démarche pragmatique, qui s’apparente à celle d’un
Living Lab
,
nous a appris que les dispositifs technologiques n’ont d’intérêt que
dans la mesure où ils sont intégrés à un service, lequel doit répondre de
façon complète à un besoin précis, et faire abstraction du seul aspect
technique.
Financement et collectivités territoriales
Hérité des mesures sociales prises au lendemain de la Libération,
lorsque l’espérance de vie ne dépassait que de quelques années l’âge de
départ à la retraite, le financement du secteur médico-social a été globa-
lement abandonné au bénévolat local. En revanche, le domaine médical
a bénéficié d’une attention qui a valu, à la France, à la fin des années 90,
de se situer au firmament mondial. En dépit de l’évolution, pourtant
éminemment prévisible, de la pyramide des âges, les pouvoirs publics ne
se sont pas véritablement souciés des conséquences du vieillissement
de la population pas plus d’ailleurs que du problème des retraites, encore
que ce dernier ait bénéficié récemment, sous la contrainte, d’aménage-
ments provisoires.
Aujourd’hui, le domaine du financement du secteur médico-social en
France est paradoxal. Alors que les dépenses de santé représentent
240 Md€, soit 11,7 % du PIB, dont 180 Md€ sont gérés autoritairement
par la CNAM, celles liées à la dépendance se situent à 24 Md€ et sont
réparties entre une multitude de structures.
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