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en son entier. L’esprit et le corps en leurs pulsions diverses unis en un
mixte sans fin.
Ce qui est, donc, s’amorce dans l’ordonnancement sociétal où« l’amour »
joue un rôle d’importance. C’est la fin de la longue domination du cognitif
sur le cœur. Ce qui, ne l’oublions pas, était une intuition d’A. Comte. Cela
fut considéré, d’unemanière quelque peuméprisante, comme l’objet de
fantasmagories délirantes. Ainsi la «Religion de l’Humanité » exprimait
chez lui la conviction fortement ancrée que « l’esprit n’est pas destiné à
régner, mais à servir... En effet, le commandement réel exige par-dessus
tout de la force, et la raison n’a jamais que de la lumière ; il faut que
l’impulsion lui vienne d’ailleurs ».
Remarque éclairante qui, à cause ou grâce à ses «manies » théoriques,
accentue le rôle de l’impulsion, autre manière de dire la dynamique
humaine. De quelque nomqu’on veuille l’appeler : dynamique (dunamis :
force), énergie, affect, libido, etc., il est une pulsion initiale qui, indivi-
duellement ou collectivement, est à l’origine de
l’élan vital
, et en assure
le commandement principal. C’est en oubliant cet élément fondamental
que l’on aboutit à une abstractisation de la vie sociale, corrélative au
déracinement de la plante humaine !
En fait, si l’on veut comprendre nombre de phénomènes actuels :
hystéries musicales, rassemblements sportifs, effervescences poli-
tiques, fanatismes religieux et autres expressions de l’émotionnel, il
faut peut-être se souvenir de la formule aiguë de ce même Auguste
Comte : «
... l’esprit est toujours le ministre du cœu
r ». Curieuse et belle
formule anticipatrice, en ce qu’elle souligne le rôle pas simplement de
la conscience collective, mais bien de l’inconscient commun à tous, et
auquel tout un chacun, d’une manière quasiment magique, « participe »
et communie.
Deep ecology, revival religieux, mouvements charismatiques, extré-
mismes politiques, fanatisme « gay », recrudescences ésotériques,
mimétismes médiatiques, obsessions sportives, militantismes théo-
riques confondant science et engagement syndical, on peut trouver,
pour le meilleur et pour le pire, une foultitude d’exemples de cette
« illumination » caractéristique de l’Esprit du temps ! Et le moins
que l’on puisse dire, c’est que ces « illuminés » sont pensés et agis
par des conformismes logiques dont ils ne sont pas conscients. Il