Cahier numéro 1 - page 54

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résultats excitants qu’eux-mêmes n’auraient pas pu imaginer. L’ordre
ancien vacille et, même s’il faut s’attendre vraisemblablement à des
hauts et des bas et à d’impressionnants retours en arrière, il est peu
probable que la vieille domination patriarcale sur la société, qui a si
longtemps déterminé le destin des générations, survivra à la prochaine
décennie.
Nous sommes à un tournant où construire le « Vivre Ensemble »
devient irrémédiable car il demande peut-être de nous engager
d’avantage à la fois comme individus, comme membres de
communautés et de nations distinctes et comme citoyens du monde.
Cette nouvelle conscience collective nous permet de reconnaître notre
responsabilité à agir, à agrandir nos réseaux et identifier, défendre
et promouvoir les valeurs et intérêts communs de l’humanité. La
prépondérance accordée aux vraies richesses – celles de l’intelligence
et de la vie - devrait donc nous permettre de tracer la seule voie
possible : celle d’une reconnaissance et renaissance des fondamen-
taux éthiques, écologiques et civilisatrices.
Est-il entre temps possible de rendre compte de cette décision des
cultures indiennes et ici, celles Dineh ? Doit-on la juger comme
l’expression irrationnelle d’une fantaisie ou pouvons-nous, au
contraire, solliciter une rationalité permanente à ce « choix », la
radicalité même du refus du « toujours plus », car sa permanence
et son évolution suggèrent peut-être l’éclairage en laquelle se
situer ? La relation du pouvoir à l’échange nous a montré que c’est au
niveau le plus profond de la structure sociale, lieu de sa constitution
inconsciente, que naît la problématique du pouvoir. La société Dineh
est étonnante par la subtilité avec laquelle elle l’a posée et réglée.
Elle a très tôt pressenti que la transcendance du pouvoir recèle pour
le groupe un risque mortel, c‘est l’instinct de survie de cette menace
qui a déterminé la profondeur de sa philosophie politique.
En constatant la grande parité du pouvoir de la nature, la société Dineh
a su maîtriser la virulence de l’autorité politique. Elle a choisi d’en
être elle-même la fondatrice mais sans laisser apparaître le pouvoir
négatif : la culture utilise contre le pouvoir la ruse même de la nature.
Les Navajo ressentent, émotionnellement et physiquement, qu’en
prélevant de manière effrénée les ressources premières non-
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