Cahier numéro 10 - page 18-19

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au-delà des frontières nationales. Piliers incontournables des territoires
collaboratifs, des systèmes tels que l’autopartage, le vélopartage, le
coworking
, les circuits courts alimentaires ou encore l’hébergement
chez l’habitant se sont développés fortement dès le milieu des années
2000 et n’ont cessé de prendre de l’ampleur grâce à la conjugaison de
facteurs économiques, technologiques et sociaux. C’est aussi le secteur
de l’économie collaborative qui provoque les tensions les plus visibles
vis-à-vis des acteurs traditionnels dans des secteurs tels que l’hôtellerie
ou les taxis.
L’économie du partage désigne les usages organisés (par l’intermédiaire
d’un système local ou d’une plateforme numérique) permettant aux indi-
vidus et aux organisations d’accéder aux ressources, favorisant l’usage
sur la possession des biens matériels, l’horizontalisation du marché
des services et des réseaux de distribution alimentaire. Mutualisation,
prêt, location, don, troc, ou encore revente : les modes d’échange sont
moins importants que l’organisation horizontale de ceux-ci ainsi que
la réduction du rôle des intermédiaires à son minimum fonctionnel.
Les échanges se réalisent ainsi principalement entre particuliers qui
peuvent jouer tour à tour le rôle de consommateur ou de « producteur
de service ». Le rôle de la plateforme (dont l’intermédiation peut être
plus ou moins « épaisse », selon les niveaux de service offerts) est de
permettrelaconstitutiondelamassecritiqueentreoffreetdemandelocale,
de faciliter l’établissement de la confiance (profils, notations, assurance,
etc.), et plus généralement de fluidifier et sécuriser les échanges, qu’ils
soient fondés sur les échanges monétaires ou non monétaires.
Le secteur des biens de consommation
a été l’un des premiers à être
transformé par l’économie du partage : après l’essor des pionniers eBay,
Craigslist ou Freecycle, c’est Leboncoin.fr qui devient en France le leader
de l’échange entre particuliers, avec une gigantesque place de marché
où 3,5 millions de visiteurs quotidiens peuvent trouver n’importe quel
bien ou service. Second site le plus visité en France après Facebook, il
totalise près de 24 millions de petites annonces et se démarque des
autres plateformes par l’absence de transactions en ligne : toutes se
font directement entre particuliers. À ses côtés, des plateformes telles que
Kiwizz ou encore ShareVoisins s’appuient sur la proximité et le voisinage
pour permettre le prêt gratuit d’objets, et d’autres permettent la location
(Zilok) ou le don (recupe.net). Ces services ayant besoin d’une masse
critique locale voire hyper-locale, le territoire est généralement le point
de départ et la constitution d’une solidarité locale, l’objectif.
À l’exception de Leboncoin.fr et des quelques sites généralistes (tels
que Zilok), les plateformes collaboratives fonctionnent par verticale,
chaque verticale couvrant un grand domaine de la vie d’un individu.
Nous détaillerons ici les principales verticales concernées avec quelques
exemples les plus représentatifs
3
.
Lamobilité
est probablement le secteur le plus dynamique de l’économie
du partage, et la clé de voûte des stratégies territoriales. Dans un tissu
urbain dense et complexe, la fluidité, le coût et l’impact environnemental
de nos déplacements sont des préoccupations constantes. Les services
collaboratifs créent une infrastructure de transport invisible, peu
coûteuse, et offrant une résilience du service sans commune mesure
avec les modes de transport traditionnels. En complétant les transports
publics et l’infrastructure existante, la mobilité partagée ouvre la voie à
la généralisation du trajet multimodal, qui combine les modes de dépla-
cement traditionnels avec les nouveaux services.
La mobilité collaborative recouvre plusieurs types de service que l’on
citera brièvement. Lepremier, leplus connu, est
Blablacar
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(anciennement
Covoiturage.fr), pionnier en France du
covoiturage longue distance
avec partage de frais. Peut-être l’image qui rend le mieux compte de
l’explosion de ce type de transport est la suivante : Blablacar permet le
transport de plus de personnes par mois qu’Eurostar. Ce type de covoi-
turage rend le territoire plus accessible au sein d’un réseau plus global
(départemental, régional, national ou encore transfrontalier), renforçant
ainsi son attractivité pour les personnes et organisations établies sur
d’autres territoires. Le pendant intra-territorial est le
covoiturage urbain
,
dont le service français le plus représentatif est
Djump
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, qui permet à
des particuliers de déposer d’autres utilisateurs d’un point à l’autre de
la ville, en échange d’une donation volontaire. Le très controversé
Uber
,
initialement un service de chauffeur privé, s’est récemment attaqué à
ce segment de marché en proposant un service entre particuliers :
UberPop.
La location de voiture entre particuliers
, à l’instar de
Drivy,
Buzzcar, OuiCar, Deways ou encore Koolicar
en France, permet à des
particuliers de louer leur véhicule à d’autres particuliers pour quelques
jours, permettant d’amortir leur coût pendant ses 92 % (en moyenne)
de temps d’inutilisation. Ce modèle a pu se développer grâce à un
contrôle rigoureux des conducteurs ainsi qu’à la mise en place par les
(3) Pour aller plus loinet disposer denoms de services collaboratifs, nous renvoyons
le lecteur à la présentation effectuée lors de lamatinée du 12 juin 2014 des Entre-
tiens Albert-Kahn et disponible en ligne à l’adresse suivante:
.
net/OuiShare/economie-collaborative-territoires-v2
(4) Premier service de ce type en Europe, Blablacar vient de lever 73 M€ pour son
développement international.
(5) Le pionnier est Lyft, né en Californie.
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