Cahier numéro 10 - page 26-27

Quelle leviers et gouvernance pour les territoires
en communs ?
Le panorama étant posé, intéressons-nous maintenant aux leviers
d’action à disposition des collectivités pour mettre enœuvre et soutenir
les initiatives détaillées dans la première partie.
À travers les idées et exemples qui suivent, nous allons tenter d’apporter
quelques éléments de réponse aux questions que se posent les pouvoirs
publics locaux confrontés au sujet. Comment des initiatives aussi
éparsespeuvent-elleinspirerl’actiondespouvoirspublics,etquelleposture
ceux-ci doivent-ils adopter en face d’elles ? Comment une collectivité
peut-elle contribuer à rendre son territoire plus collaboratif ? Quels sont
les types de coopération les plus fructueux entre les différents acteurs
et quels sont les écueils à éviter ?
Du gouvernement vertical à la gouvernance
résiliente : faire évoluer la culture de l’action sur
un territoire
Nous l’avons vu dans la première partie de notre propos : un territoire
collaboratif ne se décrète pas « par le haut » et s’accommode mal d’une
distance trop grande entre pouvoirs publics locaux porteurs de projets
collaboratifs et citoyens. C’est pour cette raison que le territoire colla-
boratif par excellence est à taille humaine : la ville, l’agglomération, le
département ou la région. À l’échelle d’un pays, surtout lorsque celui-ci
est très centralisé et dépasse une taille critique, l’État est particulièrement
mal équipé pour introduire de la collaboration, notamment parce qu’il
est lui-même structurellement incapable d’adopter une posture autre
que prescriptive.
Toutefois, même au niveau local, l’administration et les pouvoirs publics
locaux ne peuvent se passer d’une sorte de révolution culturelle
,
d’autant plus dans le cas d’un pays centralisé tel que la France. En effet,
la structure du pouvoir issue du XX
e
siècle suppose la bureaucratie,
l’instrument de la loi et du règlement et l’intervention là où le territoire
collaboratif présuppose la fluidité, l’accompagnement, lamédiation et le
consensus. Toutefois, s’il est illusoire d’espérer que la culture adminis-
trative de notre pays change du jour au lendemain, un certain nombre
de transformations peuvent s’accomplir sans passer par une révolution
copernicienne. Les exemples qui suivent le démontrent : un simple
changement de posture et de gouvernance («
soft power
») suffisent
à mettre en place des conditions satisfaisantes pour transformer les
territoires.
Il n’existe pas de solution standard qui conviendrait à un territoire pris
au hasard, tant sa forme, son histoire, sa culture, sa population et la
nature des relations qui s’y sont tissées jouent un rôle important. Un
préalable semble cependant largement partagé par les territoires des
pays riches : la nécessité de
rétablir la confiance
entre les citoyens et
son gouvernement local, ainsi qu’une conscience d’appartenir à une
même
communauté
locale. La session dédiée aux villes collaboratives
lors du OuiShare Fest 2014
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a été l’occasion pour les membres de
gouvernements de plusieurs villes européennes d’insister sur ces
deux facteurs.
Ainsi, il est possible pour un territoire de mettre en œuvre quelques
recettes très simples pour poser les bases nécessaires à la construction
d’un territoire collaboratif. À Bologne en Italie, où la corruption avait
pendant des années vidé les habitants de toute confiance à l’égard de
la collectivité, la ville a mis en place des rencontres régulières entre les
citoyens, a pratiqué une politique de transparence et de consensus dans
la prise de décision, a mis en place une politique d
’open data
et d’éduca-
tion de l’administration ainsi que des indicateurs transparents destinés
à évaluer sa gouvernance.
Quelle alliance entre quels acteurs ?
La base la plus importante est la nature de la gouvernance commune qui
est mise en place sur le territoire, autrement dit le type d’alliance créé
entre les trois types d’acteurs suivants :
les pouvoirs publics, les orga-
nisations (entreprises et associations) et les citoyens
. Tout l’enjeu pour
chaque territoire est de trouver quelle alliance est la mieux adaptée à
sa culture institutionnelle, à son corpus de lois et à ses objectifs propres
de politique publique.
Comme pour toute politique, il n’y a pas de recette unique, seulement
des exemples qui peuvent illustrer ce qui a déjà été réalisé avec succès.
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(15) Le OuiShare Fest est un festival organisé par OuiShare où penseurs, entre-
preneurs, militants, citoyens, activistes et décideurs publics du monde entier se
rejoignent pour trois jours de conférence, connection et co-création. L’édition 2014
a eu lieu au Cabaret Sauvage à Paris et a rassemblé près de 1 400 participants.
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