Cahier numéro 10 - page 20-21

plateformes d’une assurance complémentaire à celle des loueurs et des
locataires. Ce panorama serait incomplet sans citer les tous premiers
services développés par les collectivités et les entreprises :
la mise à
disposition d’une flotte de voitures, vélos ou encore scooters
, permet-
tant un déplacement à la carte
via
un service d’abonnement et/ou d’une
facturation à la carte. Vélib’ et Autolib’ en sont deux exemples phares.
L’alimentation, l’approvisionnement et la distribution de produits
alimentaires
est un autre secteur caractéristique des territoires en
partage. La volonté de se nourrir mieux à l’aube d’une filière alimentaire
remise en cause, la compression du pouvoir d’achat face à la hausse des
cours des matières premières et la volonté de s’approvisionner local et/
ou bio ont participé à la réinvention de la manière d’acheter, de s’appro-
visionner et de se nourrir. Il convient de préciser que l’alimentation
collaborative provient tout droit des initiatives plus traditionnelles telles
que les AMAP et des coopératives d’alimentation
6
. La nouveauté est
dans la possibilité de penser à la fois circuits courts, local et croissance
rapide grâce à l’implication des citoyens.
La Ruche qui dit Oui
est probablement l’entreprise qui a réussi à conju-
guer au mieux nouvelles technologies, participation des citoyens,
transparence et soutien à l’agriculture locale. Les ruches sont des
circuits d’achat groupé auprès des agriculteurs locaux, organisés
par des particuliers, qui adhèrent à un ensemble de principes fixant
les conditions d’achat, de commande, de marge, etc. Chaque commande
fait l’objet d’une distribution auprès de la communauté qui aura préa-
lablement passé commande sur le site, et le partage de la valeur y est
exemplaire : 83 % reviennent au producteur, les 17 % restants étant
divisés entre la plateforme, le système de paiement et l’animateur de
la ruche locale, souvent un particulier ou une association. Avec plus de
500 ruches en France, et un développement rapide en Europe (sous le
nom de Food Assembly), La Ruche qui dit Oui a pour objectif de rendre
les territoires enmesure de s’auto-approvisionner de façon soutenable,
à l’abri des filières industrielles classiques.
Le tourisme
, secteur clé pour l’attractivité des territoires et leur rayon-
nement à l’international, a fortement bénéficié - et a été profondément
bouleversé - par la croissance exponentielle des plateformes. L’échange
de logements entre particuliers, apparu dans les années 1990 avec
HomeExchange et HomeAway aux États-Unis, la location de logements
entre particuliers et le tourisme chez l’habitant ont tous trois pris une
tout autre ampleur grâce aux développement et à la sophistication des
plateformes internet, permettant de connaître l’identité et la fiabilité
de quelqu’un situé à l’autre bout de la planète ainsi que la qualité du
logement, de l’accueil, etc. Surtout, ces nouvelles formes ont permis de
baisser drastiquement le coût du logement sur place et d’offrir une alter-
native aux voyages et tours organisés, ouvrant le marché du tourisme
à ceux qui n’en avaient pas les moyens et en faisant découvrir les villes
et territoires par le regard et le mode de vie « locaux ». De la locomotive
Airbnb au pionnier Couchsurfing, en passant par Bedycasa, Sejourning
ou encore GuestToGuest, ces solutions hébergement fournies par des
particuliers sont complétées par des initiatives de repas chez l’habitant
(Cookening, EatWith) ou encore de guides touristiques et d’activités pro-
posées par des particuliers (Vayable) : le tout composant une véritable
offre de tourisme collaboratif produite par les particuliers.
Les territoires productifs : relocaliser, distribuer,
connecter la production
La notion de territoire productif renvoie à
l’impact territorial de la
fabrication distribuée
, qui s’appuie notamment sur le maillage des
infrastructures locales (telles que les espaces partagés de création et
de prototypage : Fab Labs
7
,
makerspace
s, etc.) combiné au partage des
savoirs et à la généralisation de l’
open source
aux biens physiques
8
.
Ledéveloppement de la société industrielleglobalisée a progressivement
éclaté les chaînes de production et généré une séparation géographique
des lieux de production et de consommation. Neil Gershenfeld, directeur
du MIT Center for Bits and Atoms et inventeur des Fab Labs, résume
le modèle de développement urbain qui en résulte par « PITO » ou
«
Product In, Trash Out
» soit l’acheminement sur le lieu de vie de biens
standardisés produits à l’autrebout de la planète, qui sont ensuitevendus
18
19
(6) La Louve, dont l’ouverture est prévue en 2015 dans le 18
e
à Paris, se définit
comme un supermarché collaboratif qui fonctionnera essentiellement grâce aux
contributions et au travail de ses membres.
(7) Un Fab Lab ou « Fabrication Laboratory » est un type de lieu de fabrication
numérique, né auMIT au début des années 2000 et devant respecter des principes
d’ouverture, de documentation
open source
des projets, dematériel minimummis à
disposition des utilisateurs, etc.
(8)Le«savoirouvert»oules«communsdelaconnaissance»sontégalementundes
fondements des territoires en communs. Il s’agit de l’huile des rouages d’une société
véritablement collaboratives.
1...,2-3,4-5,6-7,8-9,10-11,12-13,14-15,16-17,18-19 22-23,24-25,26-27,28-29,30-31,32-33,34-35,36-37,38-39,40-41,...64
Powered by FlippingBook